Menaces sur le droit à l’IVG aux Etats-Unis, les américaines vont-elles devenir des servantes écarlates ?

Le journal Politico (1) a révélé le 2 mai que des menaces pèsent sur la jurisprudence dite « Roe vs Wade » qui a garanti le droit à l’Interruption Volontaire de Grossesse , car relevant de la vie privée, liberté protégée par la Constitution américaine. Politico affirme cela en se basant sur l’avant-projet d’une décision majoritaire de la Cour Suprême américaine, gardienne de la Constitution des Etats-Unis, (2) rédigée par le juge conservateur Samuel Alito le 10 février. Ce document a été depuis confirmé comme étant authentique par la Cour Suprême elle-même, ayant fait l’objet d’une fuite auprès du média. Ce texte affirme que l’arrêt Roe vs Wade est « infondé », ledit texte doit être sujet de négociations jusqu’au 30 juin de cette année (3).

Il semble opportun, au cœur de cette actualité sombre, de se rappeler les mots de Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » (4)

Que se passe-t-il aux Etats-Unis ? Comment une telle régression a-t-elle été rendue possible ?

Donald Trump, adversaire déclaré du droit à l’IVG, avait, à l’époque de son mandat, œuvré contre celui-ci en intronisant à la Cour Suprême trois magistrats conservateurs, confortant ainsi sa majorité  comptant 6 juges sur les 9 que dénombre la Cour Suprême. C’est cette même Cour voulue par Trump qui n’a pas empêché la promulgation d’une loi texane qui limite le droit à l’IVG aux 6 premières semaines de grossesse. Et c’est à l’occasion d’une délibération pour l’état du Mississippi que la Cour Suprême s’est dite prête à annuler purement et simplement l’arrêt Roe vs Wade. Le document publié par Politico concerne ces délibérations, la Cour Suprême se refuse à tout commentaire à son sujet. (3)

Si cette décision entre en vigueur, le droit à l’IVG ne sera plus garanti par la Constitution américaine. La décision de maintenir, ou non, l’accès à l’IVG pour les femmes, sera laissée à l’appréciation de chaque État, et il est vraisemblable qu’au moins plus de la moitié des États vont restreindre l’accès à l’IVG, surtout dans le Sud des Etats-Unis, ce qui constituerait une immense régression des droits des femmes à disposer de leurs corps. (2) Joe Biden a déjà réagi en avertissant que ce texte ne menaçait pas uniquement le droit à l’IVG mais aussi plus globalement les droits des femmes (3), parmi lesquels l’accès à la contraception, et des personnes homosexuelles.

La dystopie intitulée « La servante écarlate » de Margaret Atwood (5) ne peut manquer de s’imposer à nous en cette période de backlash. Laquelle d’entre nous n’a pas été bouleversée par l’intrigue terrible de cet ouvrage qui relate la lutte de femmes aux prises avec un système fondamentaliste qui les a dépouillées de tous leur droits et les contraint au viol et à la procréation forcée ? C’est l’image de ces femmes que font surgir les révélations de Politico, les conservateurs misogynes font peser sur les libertés des femmes des menaces toujours plus grandes et plus redoutables, mais face à celles-ci, le féminisme reste la seule voie.

Christine

1. « Supreme Court has voted to overturn abortion rights, draft opinion shows »

2. Droit à l’avortement menacé : « Les Etats-Unis sont ramenés au Moyen-Âge », alerte Nicole Bacharan

3. La Cour suprême des États-Unis prête à annuler le droit à l’avortement

4. Dix citations de Simone de Beauvoir à ne jamais oublier

5. La servante écarlate


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