Chronique du sexisme ordinaire : Le concours le plus sexiste de France, encore sur vos écrans cet hiver !

Inébranlablement, depuis plus de 30 ans, le concours Miss France est diffusé afin d’élire « la plus belle femme de France ». C’est le rendez-vous « incontournable » des familles devant la télé, pour com- parer visages, cuisses, hanches… La critique est encore plus violente sur les réseaux sociaux, et chacune en prend pour son grade, jusqu’à être la cible de commentaires ouvertement sexistes, racistes, grossophobes.

Mais cette année, Miss France était féministe ! Les participantes nous l’assurent : « le concours Miss France est le symbole de la jeune femme moderne et actuelle ». La directrice clame que les candidates sont « belles, charismatiques et libres » ; et Amel Bent, jurée cette année, nous rassure : « les miss représentent le fruit du combat des femmes aujourd’hui ». Une flopée d’éléments de langage probablement préparés par la production, et qui n’ont certainement rien à voir avec l’action en justice intentée par OLF en octobre dernier auprès des Prud’hommes, visant à requalifier en contrats de travail les liens entre la production et les participantes, et faire cesser tous critères de sélection discriminants.

Pour faire face aux critiques, le concours a donc misé cette année sur cette bonne vieille technique marketing de feminism washing. 
Personne n’est dupe.
Et ce n’est pas la remise de la médaille de l’Égalité à Miss France 2022 par Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, qui achèvera de nous convaincre.
La ministre a entendu Diane Leyre déclarer : « Je veux repré- senter la femme française de 2022, une femme forte, libre, engagée et fière d’être féministe et Miss France », et cela lui a plu. Dans son discours,laministreexpliquequele féminisme est « l’affaire de tous » (et toutes ?!). Elle estime que ce concours séculaire doit maintenant se positionner « à l’avant-garde du combat féministe ; à la pointe du combat contre le patriarcat. »
Après avoir dénoncé des cri- tères de sélection « has been », la ministre décore Miss France 2022 pour sa promotion de l’éga- lité. Allez comprendre… Il semble qu’elle ait eu une conversation avec la productrice du concours, Alexia Laroche-Joubert, qui lui aurait permis de mieux comprendre les critères imposés aux candidates. Grand bien lui fasse ! Elle espère pouvoir « faire évoluer ces règles pour qu’elles s’adaptent à 2021 » (et au Code du Travail ? NDLR…). On ne va pas se mentir : le meilleur moyen d’adapter le concours à notre époque, c’est de le supprimer !

Martine Berchery