L’enfer du décor, le Sénat démasque l’industrie pornographique

Le rapport du Sénat, « L’enfer du décor », publié en septembre 2022 dévoile ce qui se cache derrière le porno français. Il est temps que la société fasse sa prise de conscience. Auditions, visionnages et analyses ont abouti à un constat sans appel : dans la pornographie les violences ne sont pas des dérives, elles lui sont intrinsèques. Méthodes proxénètes, réification, torture, actes de barbarie… la réalité est exposée.

L’impunité doit cesser
Dans les affaires Pascal OP et Jacquie et Michel, plus de 50 victimes ont témoigné devant la justice. Des procédures sont ouvertes au Parquet de Paris. Déjà 15 producteurs sont en examen. La violence extrême, la haine misogyne et raciste de l’industrie pornographique sont révélées. Les réseaux de « recrutement », de « partage », « d’échange », de traite de femmes et de prostitution sont exposés. Nous exigeons une qualification politique et judiciaire de l’industrie pornographique en industrie proxénète. « Autant il est possible de réagir à des propos haineux en ligne, autant on n’arrive pas à signaler et bloquer les images pornographiques qui enfreignent des lois françaises » s’indigne Annick Billion, sénatrice. Claire Charlès des Effronté·es a dénoncé les synopsis de catégorie « interraciale ». Ils font appel à l’imaginaire colonialiste. Ils sont illégaux. Les autorités françaises, Pharos et l’Arcom, doivent agir.

Déconstruire les clichés
Le porno ce n’est ni de l’art, ni du sexe. C’est une promotion de la culture du viol. Stéphanie Caradec, du Mouvement du Nid, a souligné la porosité entre pornographie et prostitution : « les vidéos pornos sont de la prostitution filmée, en témoignent les parcours de vie et de vulnérabilités des centaines de personnes accompagnées par l’association, qui ont bien souvent connu les deux systèmes. » Le porno, ce n’est pas du cinéma, pas de la fiction. Les violences sexuelles sont réelles, la souffrance aussi. Ce ne sont pas des scènes simulées. Les femmes qui les subissent sont réelles.

Tous et toutes concernées
Si, pour la première fois en France, un procès est en cours c’est que chaque mois en France 19 millions d’internautes, dont 2,3millions de mineur·es, matent du porno. Les plateformes, en accès libre et gratuit, entraînent une consommation massive. Au point que le porno occupe 1/4 du trafic sur le web. La pornographie impose ses violences à nos sexualités. Cela rapporte des milliards d’euros à une industrie criminelle qui organise sa respectabilité et s’octroie le droit de piller l’imaginaire sexuel des jeunes. En ce sens, Mathilde Cornette, juriste à l’AVFT rappelle que « la pornographie d’aujourd’hui met en danger toutes les femmes, que ce soit sur les lieux de tour- nage ou non ». Ces procédures concernent toute la société : les contenus sont haineux, violents, misogynes, lesbophobes, racistes, classistes et pédocriminels. C’est donc une atteinte à la liberté sexuelle, au droit de développer sa propre sexualité, car elle génère une norme qui s’impose. La pornographie déforme les humain·es, leur rapport aux autres. Elle mise sur une surenchère de violences. Il est urgent de réagir.

Pour un autre projet de société

Le Sénat formule 23 recommandations sur quatre axes :


1. Prioriser la lutte contre les violences pornos et la marchandisation des corps. Faire des violences commises dans un contexte de pornographie un délit d’in- citation à une infraction pénale ;

2. Faciliter les suppressions de contenu et le droit à l’oubli ;

3. Appliquer enfin la loi sur l’interdiction d’accès des mineur·es ;

4. Mettre en œuvre les séances d’éducation à la vie sexuelle et affective, sensibiliser parents, professionnel·les de l’éducation.

La France peut défendre un autre projet de société, qui ne sacrifie ni les enfants ni aucune femme.

Abolition prostitution et porno, groupe de réflexions d’Osez le Féminisme !

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