Le meurtre de Mahsa Amini : à l’origine de la révolte féministe iranienne de l’automne 2022

La nouvelle révolte iranienne débute après le décès de la jeune kurde Mahsa Amini, 22 ans, arrêtée le 13 septembre 2022 par la « police des mœurs » iranienne, alors qu’elle était en vacances à Téhéran avec sa famille. Son infraction au code vestimentaire imposé aux femmes est le seul motif de son arrestation et donc de sa mort 3 jours plus tard. Les autorités locales nient leur implication et publient un rapport « officiel » mentionnant une maladie cérébrale comme cause de décès. Élément réfuté par un scanner crânien publié par un journal iranien basé à Londres, révélant de multiples blessures.

Cet évènement a eu un effet catalyseur de la colère des Iraniennes contre le régime répressif en place. Dès lors, des manifestations commencent à travers tout le pays, initiées par les femmes. Elles enlèvent leur hijab, coupent, rasent leurs cheveux et brûlent leur foulard. La police fait appel à une brutalité armée, faisant de nombreuses mort·es et blessé·es, dont des enfants (au moins 326 comptabilisé·es par Iran Human right au 12 novembre et 15 900 incarcéré·es).
Les réseaux Internet sont coupés et de nombreuses mesures de dissuasion sont mises en place par le gouvernement. Plusieurs disparitions sont constatées. Les Iraniennes sont devenues des symboles dans la lutte pour les droits des femmes dans leur pays.

Femmage à la tiktokeuse Hadis Najafi, 20 ans, décédée le 23 septembre, assassi- née de six balles alors qu’elle rejoignait une protestation.
Femmage à Ghazale Chelavi, 32 ans, à Mahsa Mogoi, 18 ans, à Hananeh Kian, 23 ans et aux nombreuses victimes restées dans l’anonymat.

Malgré cela, le peuple iranien continue de protester dès qu’il le peut, entonnant le slogan féministe kurde venu des com- battantes du Rojava « Jin, Jiyan, Azadî » (Femme, vie, liberté).
L’hymne protestataire « Baraye » a même été composé pour cette révolte, reprenant des tweets de manifestant·es.
Le gouvernement iranien pratique la charia, les femmes sont restreintes, oppressées et soumises au foyer et à l’éducation des enfants uniquement. Leurs droits sont bafoués. Elles peuvent être mariées dès 13 ans, voire moins, selon l’envie de leur père. Les violences et le viol conjugal ne sont pas des infractions et les féminicides sont peu sanctionnés. En cas de divorce, fait rare, les femmes n’ont pas la garde de leurs enfants. Cet aperçu succinct des répressions à l’encontre des femmes explique l’ampleur de la révolte en cours.
Celle-ci est largement soutenue à travers le monde : chef·fes d’États, célébrités se coupant les cheveux, à l’image des personnalités publiques iraniennes. Comme Elnaz Rekabi, grimpeuse aux championnats d’Asie d’escalade qui a eu le geste fort d’en- lever son hijab durant son épreuve.
Elle a été sanctionnée lors de son retour en Iran, forcé, elle a dû s’excuser publique- ment pour ce geste et expliquer que sonfoulard aurait « glissé par erreur».

Les protestations liées au meurtre de Mahsa Amini ont pris de l’ampleur et ont convergé avec la colère croissante des Iranien·nes suite au Covid, à la crise envi- ronnementale, au ras-le-bol de la dicta- ture… Ces révoltes intègrent maintenant l’ensemble des classes sociales, des sexes et des communautés du pays demandant même la fin du régime islamique en place. Ce dernier ne cesse de se durcir et déve- loppe une répression encore plus ferme, menaçant les manifestant·es de la peine de mort et dérobant les corps de personnes tuées pour éviter d’en faire des martyrs.

Anne et Julie

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