La psychanalyse contre les femmes

La théorie psychanalytique est à l’origine de nombreux stéréotypes qui sont encore très ancrés au sein de nos sociétés occidentales: tout ce qui a trait au sexe féminin est vu avec méfiance, mépris ou violence.

D’un côté, la psychanalyse voit la sexualité des femmes comme étant passive et immature, la femme n’étant qu’un manque selon Lacan. De l’autre côté, la «sexualité » des enfants, est, elle surestimée et totalement fantasmée ! L’enfant serait un pervers polymorphe désirant avoir des rapports sexuels dès son plus jeune âge et bien souvent avec ses propres parents. La découverte de l’existence du vagin chez le petit garçon serait source d’effroi. La femme, quant à elle, est intrinsèquement « perverse » et coupable. À l’inverse, le pénis est mis sur un piédestal: tout tourne autour de lui, il n’a que des vertus positives et toutes les femmes désirent ardemment en posséder un…

Selon Freud, « derrière l’envie du pénis se révèle l’amertume hostile de la femme envers l’homme, amertume qu’on ne peut jamais oublier dans les rapports entre les sexes et dont les aspirations et productions littéraires des “émancipées” présentent les signes les plus évidents.». Toujours selon Freud, l’envie du pénis a tendance à se transformer en un désir d’enfant chez la femme, ce qui lui permettrait de posséder le phallus. Si le pénis est porté aux nues, la sexualité des femmes est en revanche totalement mystérieuse et complexe : les femmes ne possèderaient pas une vulve et un vagin, mais un «trou» car elles n’ont pas de pénis; les femmes dites «clitoridiennes» seraient immatures car elles n’ont pas besoin de la pénétration phallique pour jouir. Freud va jusqu’à penser qu’on ne peut pas « éduquer moralement» une femme car selon lui toute éducation repose sur l’angoisse de castration. Et comme la femme n’a pas de “sacrosaint” pénis, elle ne peut pas craindre d’être castrée, ce qui l’empêcherait donc de recevoir une éducation morale… Logique imparable !

Selon les psychanalystes, la mère serait responsable de la majorité des maux de son enfant, y compris de l’autisme. Sans l’intervention du père, l’enfant ne se construirait pas car son rôle serait de mettre un terme à la relation forcément incestueuse que la mère entretiendrait avec sa progéniture. Pendant longtemps, l’autisme était considéré comme une forme de psychose, semblable à la schizophrénie alors qu’il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental et non psychopathologique. Jusque dans les années 70, on considérait que la schizophrénie et l’autisme étaient dus à un comportement maternel défectueux. Certains psychanalystes de l’époque parlaient dans leurs publications de «mères schizophrénogènes» qui « utilisent leur fils afin de compenser leur sensation de vide et d’inutilité en tant que femmes» (1)

Depuis les années 80 aux Etats-Unis, la psychanalyse n’est plus enseignée en médecine et n’est plus utilisée par les professionnel·les de santé. Les théories sur la responsabilité directe de la mère dans l’apparition d’une psychose disparaissent donc avec elle. En revanche, en France, le courant psychanalytique reste sur-représenté (en partie à cause de Lacan qui l’a propagé et développé dans les années 70) et appliqué auprès de patient·es vulnérables.

Une prise de conscience récente en 2012 a permis de mettre en avant les dérives des méthodes psychanalytiques et les dégâts causés sur les patient·es et leurs familles (culpabilisation abusive des mères, technique du « packing » consistant à maintenir la personne autiste serrée dans des draps…). Dorénavant, la Haute Autorité de Santé déconseille de recourir à la psychanalyse pour accompagner les personnes autistes car cette dernière n’est pas fondée sur des preuves scientifiques. (2)

Malgré cela, le système judiciaire et le système de protection de l’enfance français criminalisent toujours le lien maternel afin de séparer les enfants fragilisé·es de leur mère sous prétexte de pathologies telles que le syndrome de Münchhausen par procuration ou le Syndrome d’Aliénation Parental (ce dernier n’étant pas inscrit dans le dernier Manuel officiel de diagnostique des troubles mentaux, le DSM V). Ces deux syndromes sont utilisés abusivement par les institutions pour retirer à leur mère l’enfant handicapé·e ou violenté·e sexuellement, et les placer ensuite dans des familles d’accueil ou les remettre au parent abuseur. Ce procédé permet de culpabiliser les mères de la manière la plus cruelle qui soit: tout ce qu’elles mettront en œuvre pour le bien de leur enfant sera retourné contre elles. (3)

Le complexe d’Œdipe, concept totalement inscrit dans les mentalités, permet à des agresseurs mais également aux autorités de légitimer l’inceste (comme nous avons pu le voir récemment à SaintMalo où un inceste sur une enfant de 4 ans a été requalifé en « atteinte » sexuelle car le cas ne présenterait ni menace, ni contrainte). Après tout, toujours selon les psychanalystes, l’enfant serait sexuel et désirerait ses parents: il ne faudrait donc pas s’étonner s’il·elle «succombe ».

Certains experts judiciaires, formés à la psychanalyse, vont jusqu’à se projeter et s’identifier à des agresseurs. C’est le cas de Michel Dubec, psychiatre et psychanalyste freudien, en charge du suivi de Guy Georges, violeur et tueur en série : «Oui, c’était possible de s’identifier à ce violeur qui baise des filles superbes contre leur gré, mais évite de les soumettre à des conditions trop crapuleuses ou de les terrifier, au point qu’elles ne devinent pas qu’elles vont mourir (…) Jusque-là, on peut le comprendre, et même, il nous fait presque rêver, il nous agrippe crûment par nos fantasmes. Après, quand il tue tout bascule, on le rejette (…).»

Face aux conclusions d’expertises promulguées par ces partisans de la psychanalyse, de nombreuses victimes et leur famille se retrouvent démunies et dans une profonde détresse : est-il besoin de revenir sur l’affaire d’Outreau où un tribunal a, sans aucune preuve tangible, finalement estimé que les enfants victimes de viols à répétition avaient menti ? Les conséquences sont désastreuses pour ces personnes. C’est pour quoi Sophie Robert, réalisatrice de plusieurs documentaires à charge contre le freudisme a créé une tribune signée par mille professionnel.les de santé demandant une justice sans psychanalyse.(4)

Cette approche est à bannir des institutions sanitaires et judiciaires. Il est grand temps de mettre en avant des techniques thérapeutiques bien plus louables et ayant fait scientifiquement leurs preuves comme la psychotraumatologie qui apporte une considération et une empathie réelles aux patient·es.

Meryl


(1) Ruth W. Lidz and Theodore Lidz: “The family environment of schizophrenic patients”, American Journal of Psychiatry,
Vol. 106, 1949, pp. 332–345.
(2) https://www. has-sante.fr/upload/docs/application/ pdf/2012-03/recommandations_autisme_ted_enfant_adolescent_interventions.pdf
(3) https://www.youtube.com/watch?v=SbvdX5OGuzQ
(4) https://www.justicesanspsychanalyse.com/

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