Confinement : la double peine pour les femmes

« Les chiffres ne mentent pas » et n’en déplaise aux détracteurs du féminisme, en ces temps de COVID, les chiffres accusent : le 1er confinement a été pire pour les femmes que pour les hommes, que ce soit au niveau professionnel ou en terme de charge mentale, les chiffres de l’INSEE ne laissent aucun doute à ce sujet.

Parler d’exploitation domestique à la lueur de l’actualité ne peut se faire sans évoquer le récent confinement : l’épidémie de COVID 19 et ses conséquences ont bouleversé l’ordre habituel de nos vies. Le premier confinement est déjà derrière nous mais qu’est-ce que les statistiques réalisées pendant cette période nous disent des inégalités hommes/femmes ?

Les femmes ont assumé la majeure partie de la prise en charge des enfants pendant le confinement : 83 % des femmes vivant avec des enfants y ont consacré plus de 4 heures par jour, contre 57 % pour les hommes. Ce sont souvent les mères qui ont dû renoncer à travailler pour s’occuper des enfants, et ce deux fois plus souvent que les hommes. Le confinement a causé d’une part une augmentation du travail gratuit des femmes au sein du foyer et d’autre part les a pénalisées du point de vue professionnel. Les enfants n’étant pas scolarisés pendant le 1er confinement, les femmes se sont vues d’emblée confier la responsabilité du suivi scolaire, en plus des soins matériels habituels aux enfants, ce qui revient à une augmentation de l’exploitation domestique féminine, doublée d’une perte de revenus causée par la diminution des heures consacrées à l’activité professionnelle.

Si on considère uniquement les personnes en emploi n’ayant pas été autorisées à s’absenter pour garde d’enfants, parmi celles-ci, 80 % des femmes passaient plus de 4 heures par jour auprès des enfants, contre 52 % pour les hommes. 45 % de ces femmes en emploi assumaient une double journée à la fois professionnelle et domestique, cumulant 4 heures de travail supplémentaires et 4 heures consacrées au soin des enfants, contre seulement 29 % pour les hommes. Le soin des enfants a donc pesé plus lourdement sur les femmes, au détriment de leur santé et de leur équilibre, la charge de travail supplémentaire due au confinement leur faisant risquer l’épuisement. Les femmes ont également ressenti plus fortement les difficultés à assurer le suivi scolaire, 41 % des femmes versus 28 % des hommes ont souffert de n’avoir pu assurer le suivi scolaire comme elles et ils l’auraient souhaité.

Cette difficulté peut être source de culpabilité ou de souffrance psychique de n’avoir pu mener à bien toutes les tâches attendues des femmes, celles-ci étant face à une telle charge de travail qu’il leur était impossible d’en venir à bout. Les femmes ont également exprimé un sentiment accentué de pénibilité pendant le confinement, sentiment plus marqué que chez les hommes, la présence d’enfants ayant renforcé  cet écart de perception entre les sexes. La pénibilité peut engendrer du stress, de la fatigue, cette dernière donnée montre bien l’impact que peuvent avoir les inégalités au niveau psychique et émotionnel.

Si les inégalités hommes/femmes en matière de partage des tâches sont bien connues et documentées depuis longtemps, le confinement n’a fait qu’exacerber ces inégalités et leurs conséquences, les rendant plus criantes et perceptibles.   

Christine