La charge mentale: quand elles croulent sous les pensées

La charge mentale c’est l’ensemble des tracas qui occupe nos cellules grises à chaque instant. Notre génération est en état d’alerte perpétuel, dérangée sans arrêt par toutes sortes de notifications. Tou.te.s concerné.e.s, nous pourrions penser que le phénomène est normal. Néanmoins, certaines sont bien plus touchées que d’autres : les femmes. Dans leur cas, il s’agit plutôt de surcharge mentale.

La charge mentale des femmes

Derrière chaque grand homme, se cache une femme. Talleyrand.

De prime abord, cette expression fait se gonfler de fierté les poitrines féminines et puis, vient la désillusion de la vraie vie. Être bonne à marier n’est pas qu’une expression, c’est une formation qui prend fin quand une femme est décrétée capable de s’occuper d’un homme, qui apparemment, a vraiment besoin d’une femme pour prendre soin de lui. Très tôt, les petites filles intègrent que les femmes peuvent tout faire en même temps. En parallèle, elles apprennent que les hommes, eux, sont monotâches. Tâche qu’il ne réaliseront que quand elles leur auront demandé car ils ne peuvent pas penser à tout. Alors ils “aident” à défaut de participer.

Depuis toujours, on fait croire aux femmes que tout repose sur leurs épaules et que les hommes ne peuvent pas s’en sortir sans elles. Alors, dans les faits, ça se vérifie. Sans jamais en avoir vraiment eu le choix, les femmes acceptent ce rôle et l’endossent parfois avec une certaine satisfaction et l’impression du devoir accompli. Tout “naturellement”, la femme assure l’intendance du ménage en plus du reste. L’arrivée des enfants, si elle est une charge supplémentaire pour le couple, l’est surtout pour la mère. L’injonction de la super woman, mère parfaite et épouse extraordinaire pousse les femmes à en faire toujours plus. Pour être accomplie, une femme est mère et gère, pense à tout, tout le temps.

Voilà pourquoi la charge mentale est une affaire de femmes et bien souvent, il est plus juste de parler de surcharge mentale. Que ce soit au travail, dans les transports, ou même au spa, pour les plus chanceuses, il faudra quand même qu’elles soient sûres que le frigo est rempli, la liste de courses terminée, les enfants récupéré.e.s à la crèche, les devoirs faits, le menu prévu, le sac de piscine bouclé, la carte de cantine de l’aînée rechargée, la carte de transport de monsieur renouvelée et l’ordre du jour de la réunion de demain parvenu à tou.te.s les intéressé.e.s. En cas d’imprévu, il faudra rebondir. La vie d’une femme n’est pas de tout repos, elle est double voire triple.

Pour celles qui élèvent seules leurs enfants, la situation se corse davantage. En plus de la charge mentale précitée, la femme n’a plus d’exécutant pour la soulager. Même s’il fallait penser à tout, un coup de fil pouvait permettre à monsieur de se charger de telle ou telle tâche. Dorénavant, en plus d’y penser, elle doit tout faire également. Célibataire, une mère ne peut plus souffler. La routine est réglée au millimètre et un simple train supprimé peut tourner au cauchemar.

Charge mentale et Covid 19

A défaut de la vivre au quotidien, vous avez sûrement compris que la vie d’une femme est épuisante, plus encore pour les mères. Et puis, il peut arriver une crise sanitaire majeure. Le scénario catastrophe devient réalité, nous devons nous confiner, les écoles sont fermées et seul.e.s les travailleur.se.s indispensables continuent à travailler. Le Covid-19 fait son entrée en grande pompe. Les super women n’agissent plus dans l’ombre, aujourd’hui on peut les nommer.

Il y a celles dont la nation dépend pour ne pas s’effondrer. Si on parle de travailleurs indispensables, il serait plus juste de parler de travailleuses étant donné que ce sont les femmes qui occupent pour la plupart les postes dont il est question. Les métiers parmi les plus exigeants, les moins considérés et les moins bien payés. Toutes ces femmes qui ont dû continuer à aller travailler, ont dû gérer leur quotidien comme en temps normal avec une charge mentale supplémentaire. La première, s’assurer que leurs enfants continuent à travailler, avec leur père quand il est là, ou livrés à eux-mêmes si ce n’est pas le cas. Répondre au téléphone pour assister leur conjoint ou pour motiver un enfant qui préfère travailler avec maman et ne pas tout refaire en rentrant le soir. La seconde, remettre la maison en ordre en fin de journée parce qu’en son absence, c’est la débandade, la vaisselle n’est pas faite, le ménage non plus et le repas du soir n’est pas encore prêt, etc. Enfin, ne surtout pas céder à la peur de ramener un virus mortel à la maison pour ne pas contaminer toute la famille.  

D’autres ont découvert les joies du télétravail. On réalise à peine le nombre de métiers qui peuvent être exercés à distance. Lorsque les enfants sont à l’école, c’est réalisable, mais quand ils sont assignés à résidence, ça devient un sport de haut niveau. Il faut continuer à assister aux réunions en plus de préparer le repas, rédiger des rapports et des comptes rendus avec le petit dernier sur les genoux. Sans compter les milliards de pages à imprimer pour l’école à domicile, car il est rare que les enfants soient dans la même classe, âges différents signifie leçons différentes. En prime les difficultés leur sont propres. Alors, les femmes jonglent encore plus avec les casquettes. Le privé et le professionnel se télescopent, décompresser est impossible. Est-ce que la présence du conjoint facilite la situation ou non ? Ça dépend.

Enfin, il y a celles en chômage technique, puisqu’elles ne peuvent pas télétravailler, qui sont consignées, comme leurs enfants. A elles de s’improviser instit’, en plus d’être déjà femmes de ménage, cuisinières, infirmières, écoutantes… Mais là encore,  la société s’arrange pour les maintenir alertes. Pas trop d’écran pour les enfants, les alimenter sainement, leur faire faire du sport à la maison, mais aussi bien sûr, attention à soi ! Ne surtout pas grossir, ne pas se laisser envahir par une pilosité outrageusement naturelle, ne pas perdre la main pour le maquillage et rester désirable même coincée toute la journée à la maison. Il faut s’occuper des enfants, mais également du conjoint, qu’il travaille ou non, il est bien connu qu’il ne s’en sortira pas aussi bien que vous, vous les femmes êtes si douées ! Celles qui n’ont pas d’enfants sont aussi priées d’être toujours au top, même confinées. Les réseaux sociaux et les médias sont prêts à les rappeler à l’ordre.

Je vais devoir vous laisser, l’école des enfants m’appelle.

Klo La Grenouille