Le chemin vers la sororité

Des clés pour comprendre et « apprendre » la sororité 

Selon le Larousse, la sororité c’est : « une attitude de solidarité féminine ». Cela paraît bien simple. Pourtant, cette sororité n’est pas innée, loin s’en faut, puisque noues vivons dans un monde d’hommes qui adorent et attendent que les femmes se disputent entre elles, créant ainsi une désunion qui leur permet d’agir contre noues et d’alimenter une culture misogyne. 

Néanmoins, en tant que féministes et militantes, à n’importe quelle échelle, il est important que noues noues approprions ce procédé pour se renforcer face au patriarcat. Les obstacles à la sororité sont nombreux tant noues avons intégré les injonctions patriarcales et leurs préjugés stéréotypés. En effet, le patriarcat a tout intérêt à diviser les femmes : si noues ne sommes pas unies, n’allons pas les unes vers les autres, ne noues parlons pas, noues sommes empêchées de noues révéler à noues mêmes et ainsi de constater nos vécus communs faits de violences masculines. Noues apprenons à nous détester noues-mêmes et par conséquent, à détester les autres femmes, ce qui permet aux hommes d’en profiter pour commettre leurs violences en toute impunité. Il est en effet bien plus facile de rabaisser, d’écraser, de détruire quelqu’une qui se déteste déjà, quand on peut de surcroît se servir de cette détestation qui est générale et partagée. 

Ainsi désunies, méfiantes, rivales, il noues est impossible de construire des liens, des ponts entre noues, de se soutenir et de noues organiser entre noues. Or malgré nos différences, noues avons bien plus en commun toutes, dans chaque pays, qu’avec n’importe quel homme qui partagerait notre vie et noues devons et souhaitons être capables de s’écouter et de se comprendre. 

Pour autant, il n’existe pas de recette magique de la sororité, cela ne fonctionne qu’avec patience et bienveillance. C’est en réalité une longue déconstruction de l’apprentissage de la haine des femmes, loin d’être évidente. Il existe néanmoins quelques clés pour noues aider à militer sororalement et noues avons tenté de les identifier. 

0 – Devenir féministe 

Le féminisme est un combat particulièrement passionnant et singulier, en ce qu’il est autant politique que personnel, collectif qu’intime. Une fois chaussées nos lunettes féministes, le sexisme noues explose en plein visage, en permanence. Avec ces prises de consciences successives, commence alors une longue, parfois infinie, décolonisation de la propagande patriarcale. Le féminisme est là pour noues en libérer : injonctions, stéréotypes, violences, oppressions multiformes ; on apprend à questionner et s’affranchir des contraintes, à lâcher, à ne plus se concentrer – enfin – que sur noues. Le processus d’émancipation noues permet de réapprendre à noues regarder, et à noues aimer. Aimer le peuple des femmes, son propre peuple, cette moitié de l’humanité si maltraitée, et pourtant si résiliente et puissante. Notre regard change alors sur noues-mêmes et sur nos soeurs, on se découvre, on se comprend, on se débarrasse avec soulagement de la défiance qu’ils ont mis en noues, et parce qu’on se (re)connaît, on se (re)trouve. La sororité agit ainsi comme un réconfort lumineux, une guérison, un lien salvateur dans nos vies de femmes.

1-Être à l’écoute de nos sœurs

C’est important que lorsqu’une femme, une militante se confie sur une oppression qu’elle a subi, ou subit toujours, noues l’écoutions comme noues voudrions qu’un homme noues écoute lorsqu’on lui parle de sexisme. Noues ne pouvons pas minimiser la souffrance d’une sœur du fait de son âge ou de son histoire. Il n’y a pas d’échelles ou de hiérarchie de la souffrance et personne n’est armée pareillement face au patriarcat. Chaque histoire de femme détient un message à noues délivrer. 

2-Accepter la pluralité des idées et des ressentis

Nous sommes toutes porteuses d’une histoire, d’un vécu avec ses joies et ses tristesses. C’est cela qui forge à la fois notre identité et notre caractère. Il est alors évident qu’on ne peut pas être d’accord sur tout ou vivre les événements de la même façon qu’une autre de nos sœurs. Mais chaque avis et chaque ressenti compte. Chaque avis et chaque ressenti se respecte. C’est bien la pluralité des idées et des ressentis qui noues permet de faire vivre le débat féministe auquel noues tenons tant. 

3- S’intéresser aux multiples oppressions dénoncées par nos sœurs

En plus de subir le sexisme beaucoup d’entre noues subissent diverses oppressions comme le racisme, la lesbophobie, la biphobie, la grossophobie ou encore la psychophobie et le validisme… Lire des témoignages de nos sœurs, lire des articles sur ces sujets, regarder des documentaires où les femmes noues racontent leurs difficultés noues permet d’élargir notre compréhension de l’oppression patriarcale et ses diverses formes. Les stratégies d’oppression patriarcale se nourrissent de cette multiplicité et les identifier noues permet de mieux les combattre.

4- Prendre soin les unes des autres

Le militantisme, surtout féministe, est une activité fatigante. Noues noues heurtons à des incompréhensions voire à du rejet ou des brimades, et cela peut être (très) dur à vivre. Alors, soyons reconnaissantes des femmes qui militent à nos côtés parfois même qui militent pour noues, quand noues ne pouvons pas le faire ou quand noues avons besoin de repos. Osons dire merci ! N’oublions pas qu’une lutte victorieuse est une lutte collective. Si l’une d’entre noues a besoin de temps, de se recentrer, de souffler : offrons lui ce temps. Soyons donc des épaules pour nos sœurs lorsqu’elles nous montrent leur fatigue, leur énervement, ou leur tristesse. Créons des espaces pour chacune. 

5-Prendre soin de soi

Non seulement parce que rencontrer des femmes qui savent prendre du temps pour elles et se faire du bien est une grande source de réconfort pour noues toutes, mais aussi parce qu’apprendre à se soigner noues permettra de surmonter les obstacles à la sororité. 

Noues avons toutes  été victimes de violences masculines, violences ayant des impacts sur nos vies. Passer par différentes étapes de soins peut être nécessaire à la mise en place de pratiques sorores plurielles. Noues voues encourageons à cet égard à consulter le site de Muriel Salmona pour plus d’informations. 

Par ailleurs, prendre soin de soi passe aussi par être avant tout bienveillante avec soi-même, ce que l’on s’accorde encore trop rarement. Faire des choses qu’on aime, manger, dormir… S’écouter, se déculpabiliser, il n’y a pas de féministes parfaites, et il est aussi possible de passer des soirées et des week-ends sans pour une fois, lire tel article ou écouter tel podcast féministe, sans reprendre l’ami ou l’oncle qui fait une énième réflexion sexiste, sans culpabiliser de s’être épilée ou maquillée… Prendre soin de soi, c’est aussi faire ce qu’on peut, à notre rythme, alors même qu’on est en terrain hostile. Autorisons-noues le repos, noues faisons déjà tant. 

(Cela n’a pas dû vous échapper, mais noues avons utilisé pour l’écriture de ce texte, ce qu’on appelle “la féminine universelle”, une forme d’écriture développée par l’artiste féministe Typhaine D, qui place les femmes au centre).

Clémence, Juliette T., Pauline et Juliette M.

Photo : « Liberté, égalité, sororité », sur la pancarte d’une manifestante contre la violence faite aux femmes, le 25 novembre 2017 à Paris (FRANCOIS GUILLOT / AFP) trouvée sur le https://www.nouvelobs.com/

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