La parité, outil nécessaire mais pas suffisant

Dans le cadre du développement des politiques d’égalité femmes-hommes, les lois et mécanismes de parité font leur apparition dans les espaces particulièrement excluants pour les femmes : les instances de pouvoirs politiques et économiques. Ce dispositif, qui a pour objectif l’accroissement de la proportion de femmes dans les postes décisionnaires, répond à des enjeux numériques mais ne représente pas pour autant une solution miracle aux inégalités femmes-hommes.

La loi sur la parité en politique de 2000, celle dans les conseils d’administration de 2011 et celle dans les emplois d’encadrement supérieur de la fonction publique de 2012… Les quotas agissent avant tout comme un outil correcteur pour rétablir un équilibre en faveur de la représentativité des femmes. La parité est par exemple atteinte, ou presque, dans les instances politiques qu il’appliquent : parlement européen, conseils régionaux et départementaux, communes de plus de 1000 habitant·es. Dans lesconseils d’administration des entreprises visées par le dispositif, les quotas ont permis une nouvelle composition : les entreprisesdu CAC40, qui comptaient 10% de femmes dans leur conseil d’ad- ministration en 2009, atteignent désormais les 45%. Cependant, les lois pour la parité vont de la version la plus contraignante à la plus laxiste. Ainsi, quand la loi n’est pas aussi contraignante, mais bien incitative, nous observons une parité partielle, qui conduit à une sous-représentation des femmes. Elle est notamment appliquée à l’Assemblée nationale (37%) et au Sénat (35%). Enfin, nous constatons une quasi-absence des femmes dans les instances où l’obligation de parité ne s’applique pas, comme dans les petites communes ou dans l’exécutif des intercommunalités et municipalités où les hommes sont largement sur- représentés (80% des maires).

Les quotas agissent donc avant tout comme un outil correcteur qui est nécessaire quand il n’y a pas de volonté pour faire changer les choses. Il s’agit du premier pas pour modifier une tendance ancrée depuis trop longtemps, afin d’aider le changement et nous permettre d’accéder aux sphères de pouvoir. Il peut dès lors s’agir d’une mesure efficace pour féminiser certaines instances. Néanmoins, cette mesure semble se limiter à cette fonc- tion, souvent dénoncée pour sa parité de façade, c’est-à-dire uneparité numérique mais pas de responsabilité. En effet, les progrès semblent lents et les quotas n’ont pas réussi à abattre le plafond de verre empêchant les femmes d’accéder à des postes à hautes res- ponsabilités. D’ailleurs, il n’est pas surprenant de voir les hommes diriger les sujets dits importants et régaliens (finances, sécurité, affaires étrangères…) et voir les femmes reléguées à des domaines considérés comme secondaires, quand ils ne sont pas carrément dits « féminins » selon les bons vieux stéréotypes sexistes : le social, la solidarité, l’éducation, la petite enfance…
Ainsi, dans les instances de pouvoir nous observons une répartition qui ne permet pas de déverrouiller cette distribution et empêche donc d’atteindre une véritable égalité.

Enfin, les lois pour la parité ont un défaut essentiel, celui de ne donner accès au pouvoir qu’aux femmes qui en sont déjà proches. Ainsi, avant de se heurter à ces plafonds de verre, la majorité doit d’abord accéder à ces milieux élitistes. La loi sur la parité semble alors être un dispositif décevant qui apparaît comme une mesure correctrice bienvenue mais qui doit s’accompagner de changement dans les politiques structurelles afin de lutter contre les mécanismes de reproduction des inégalités.

Coline

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