Femmes et sport
Femmes de l’extrême
Pourquoi aussi peu de femmes pratiquent des sports extrêmes ? Trop subversifs le snow board, le BMX ou le saut à l’élastique ? C’est un constat : on retrouve peu de femmes dans l’eau, dans l’air ou sur le bitume.
Les sports extrêmes ont en commun de provoquer une certaine montée d’adrénaline, d’exposer à des risques voire d’être potentiellement dangereux puisqu’ils ont souvent un lien étroit avec la vitesse, l’endurance ou le vide. Et là – aussi -, le sexisme s’exerce à plein volume : le sport toutes catégories confondues a longtemps été réservé aux hommes. Il fait partie intégrante de la construction sociale de la virilité et du corps masculin, où confrontation, dépassement de soi, compétition, démonstration de la force physique, et un certain « entresoi masculin » sont les maîtres mots. Longtemps, les sports ont même été contre-indiqués pour les filles pour des raisons pseudo physiologiques ; les règles, le développement des seins, la croissance, étant souvent invoqués pour interrompre toute activité sportive.
Pour Nicole Abar, ancienne footballeuse et responsable Sport de Haut Niveau et Sport Professionnel, chargée de l’animation de l’expérimentation ABCD de l’égalité filles-garçons, « le sport est un lieu majeur de reproduction des stéréotypes. Alors qu’un enfant nait avec toutes ses aptitudes, les petites filles deviennent rapidement plus statiques, plus frileuses. La pression sociale, l’injonction à rester dans un espace restreint, à réduire leurs mouvements, provoquent à la longue une véritable atrophie musculaire et portent atteinte à leur motricité, à l’usage de l’espace et invalident leurs capacités pourtant égales à la base.»
En effet, le sport remet en cause les codes de féminité en vigueur. Les sportives seraient trop viriles, pas assez conformes aux canons de beauté et de jeunesse. Comme si la pratique du VTT de descente ou de canyoning était incompatible avec le fait de porter une jupe ou de se maquiller ! Invariablement les femmes sont avant tout ramenées à leur corps. Enfin, pas tant leur corps que leur apparence, qui se doit d’être policée, contrôlée, épilée, la sueur et la boue étant réservées aux hommes. Aujourd’hui encore, il est parfois difficile de trouver du matériel ou des vêtements adaptés pour les femmes. Ou alors, ils sont outrageusement « sexués » : skis roses ou blancs pour les filles. Pourtant dans certaines disciplines, les performances des femmes et des hommes ne sont pas si éloignées. Dans le BMX, le surf ou le parapente par exemple, les compétences mobilisées n’ont rien à voir avec le genre : l’agilité, l’engagement physique, l’endurance, la détermination ou encore la cohésion du groupe. Assurer l’autre en escalade n’est pas un détail ! Quant au vertige, il n’est pas réservé aux femmes. Si l’escalade se féminise ou certaines disciplines sont davantage montrées aux jeux olympiques, le sport consacré médiatiquement et considéré comme universel est encore largement masculin.
Julie MURET