Affaire Maeva Ghennam : Que penser de la polémique?

Souvenez-vous : La polémique n’est pas restée inaperçue. Début septembre, l’influenceuse marseillaise aux 3 millions d’abonné·es, candidate de télé-réalité et créatrice d’une marque de cosmétiques Maeva Ghennam a déchaîné les foules en parlant maladroitement de son « vagin » sur un réseau social.

Des sous-tons pédocriminels

La jeune femme s’est filmée, face à son gynécologue, pour vanter les mérites d’une « mésothérapie vulvaire sans injection ». Son acte, très médiatisé, a révélé au grand public ô combien la culture de la pédocriminalité est présente dans notre quotidien.

Dans cette vidéo, Maeva se dit chanceuse d’avoir un « beau vagin sans lèvres qui dépassent » et confond la vulve avec le vagin, une erreur malheureusement très habituelle. Et penser que pour être beau un sexe féminin devrait être « bien rangé » est une autre injonction sexiste, d’ailleurs source d’un grand complexe. En effet, des milliers de françaises ont recours à la « nymphoplastie ». Dite aussi « labiaplastie », c’est une intervention de chirurgie plastique qui consiste à raccourcir les lèvres, petites ou grandes. On parle de nymphectomie si elle est complète. Enfin et surtout, l’influenceuse dit avoir retrouvé, grâce à cet acte, un « vagin d’une fille de 12 ans ». C’est glaçant à entendre, mais en premier lieu, cette femme ne s’est pas rendue compte de ses mots. Si Maeva a pu dire cette phrase sans rougir, c’est à cause de notre société qui glorifie l’esthétique de la fille prépubère ou adolescente.

Maeva Ghennam est simplement matrixée, comme beaucoup d’entre nous. Les canons de beauté tournant plus ou moins toujours autour des signes distinctifs de l’adolescente : une peau douce et glabre, des jambes fines et des traits du visage fins. Les normes du porno s’y ajoutent avec les épilations intégrales et les nymphectomies. Notons que les catégories «Teen» des sites pornographiques sont parmi les plus consommées des hommes.

Des attaques faciles

Beaucoup de choses ont été dites, et pester contre la bévue est simple. En vérité, Maeva Ghennam n’est que le fruit d’une société du paraître et en est malgré elle une de ses soldates. Elle est victime de ce qu’on a fait d’elle. L’insulter ne sert aucune cause. Dans son mea culpa rapidement publié, elle explique « ne pas avoir réfléchi », et avoue même ses lacunes. Maeva y précise avoir eu recours à cette mésothérapie pour soigner des brûlures de cire et insiste : ce n’est pas une chirurgie. Le véritable problème est ailleurs et on l’attaque par facilité sans voir les racines du problème. Ce n’est pas sa bourde qui est importante dans un monde qui prône l’hyper jeunesse et dont les standards de beauté féminins s’approchent au plus près des adolescentes pour satisfaire les hommes. Avec cette polémique, c’est comme si le grand public découvrait ce qui est devant ses yeux depuis toujours, sans pour autant en voir l’étendue. Il est plus facile de critiquer la jeune marseillaise de la télé-réalité.

Tout n’est pas encore gagné

Un corps et un sexe glabres. Des petites lèvres bien roses et rangées. Des attributs répandus par la pornographie, qui exploite un imaginaire sexualisé des jeunes filles. C’est justement ce qui « plairait à une majorité d’hommes », selon une étude finlandaise. Il serait hypocrite d’en vouloir alors qu’à Maeva. Nous préférons dénoncer la culture pédocriminelle et apporter notre solidarité à Maeva injustement cyberharcelée suite à ses propos.

ANNE RONCO

#OLF58

Sources :

1. https://www.leparisien.fr/societe/ sante/le-boom-du-lifting-de-l-intime-01-06-2018-7747131.php 2. https://psyarxiv.com/hxstc/

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