Présidentielles : où sont les propositions pour les droits des femmes ?

Des paroles prononcées, des mots écrits dans un programme, la plupart des candidat·e·s se revendiquent «féministes», mais qu’en est-il en réalité?

Lutte contre les violences faites aux femmes

Les propositions des différent·e·s candidat·e·s à la présidentielle restent dans l’ensemble assez vagues, peu convaincantes et, bien souvent, trop timorées.. Le délai de prescription pour déposer une plainte est de 10 ans pour une victime de plus de 15 ans. Il est de 20 ans, à partir de la majorité, pour une victime ayant moins de 15 ans au moment des faits. De nombreuses victimes sont confrontées à une amnésie post-traumatique ou à des pressions sociales les empêchant de porter plainte ou même d’évoquer leur viol, donc la question du rallongement du délai de prescription, voire de sa suppression, est primordiale. La seule à se prononcer pour l’imprescriptibilité est Nathalie Artaud (Lutte Ouvrière), dans une lettre de réponse à l’association Stop aux Violences Sexuelles, début janvier, mais cette mesure n’est pas inscrite dans son programme. François Fillon (Les Républicains), Benoît Hamon (Parti Socia- liste) et Yannick Jadot (Europe Ecologie Les Verts) sont en faveur de l’augmentation du délai de prescription. Hamon est le seul à préciser qu’il souhaite porter ce délai à 20 ans à partir de l’agression sur les personnes de plus de 15 ans. Cependant, il avait voté contre la proposition de loi n°368 visant à rendre les crimes et délits d’agressions sexuelles imprescriptibles. Marine le Pen (Front National) propose, dans sa réponse à Stop aux Violences Sexuelles, d’allonger les délais de prescription, sans préciser de combien, et s’oppose à l’imprescriptibilité sous prétexte qu’elle ne ferait « pas partie traditionnellement du droit français et crée- rait une forme de déséquilibre juridique ». Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise), quant à lui, reste vague dans son pro- gramme L’avenir en commun, puisqu’il écrit souhaiter renforcer la loi contre les violences faites aux femmes, sans précision supplémentaire. Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) écrit, dans son unique section mentionnant les femmes, « Valorisons la famille », vouloir créer des structures d’accueil pour femmes et enfants violentés, proposition sur laquelle il rejoint Fillon.

Les propositions des différent·e·s candidat·e·s à la présidentielle restent dans l’ensemble assez vagues, peu convaincantes et, bien souvent, trop timorées.

L’égalité femme-homme au travail

Selon l’Observatoire des Inégalités de l’INSEE, les femmes perçoivent, en moyenne, un salaire inférieur à celui des hommes de 25,7%. Comme les femmes sont quatre fois plus en temps partiel que les hommes et sont plus souvent pous- sées à mettre leur carrière en retrait, ces écarts se ressentent aussi arrivé·e·s à la retraite, où les femmes perçoivent en moyenne une pension inférieure de 42% à celle des hommes.

Pour lutter contre les inégalités sala- riales, des candidats proposent d’aug- menter les sanctions pour les entreprises ne respectant pas la loi, qui s’élèvent pour l’instant à un an de prison et 3750€ d’amende. Mélenchon est ici le plus concret puisqu’il propose d’augmenter les sanctions financières de 1 à 10% de la masse salariale des entreprises. Il écrit aussi vouloir imposer des plans ou accords d’entreprise contre les inégalités femme-homme. Hamon souhaiterait ren- forcer les sanctions en cas de non-res- pect de la loi, tandis que Fillon voudrait simplement faire appliquer la loi concer- nant l’égalité salariale déjà en place. À la seule entrée de son programme concer- nant les droits des femmes, Le Pen écrit vouloir mettre en place un plan national pour l’égalité salariale. Quant à Jadot, il souhaite établir une liste publique des entreprises ne respectant pas l’égalité salariale femme-homme pour les dénon- cer. De plus, Hamon et Mélenchon pro-

posent l’alignement du congé paternité, pour l’instant limité à 11 jours, sur le congé post-natal des mères. Fillon pro- pose l’instauration d’une campagne de sensibilisation à la mixité des métiers et l’ouverture à toutes les filières pour tou·te·s. Mélenchon prône également une revalorisation des métiers majori- tairement féminins et un accès égal à toutes les formations et tous les métiers pour tou·te·s. Ce dernier semble aussi avoir un plan économique qui s’appuie- rait sur l’égalité salariale femme-homme et garantirait la retraite à 60 ans ou après 40 annuités pour tout le monde.

Les propositions des différent·e·s candidat·e·s à la présidentielle restent dans l’ensemble assez vagues, peu convaincantes et, bien souvent, trop timorées.

Et l’éducation ?

Le seul candidat à consacrer une partie de son programme pour l’éducation aux droits des femmes est Fillon, qui indique sa volonté de mettre en place un travail de pédagogie sur le respect des femmes dès l’école primaire. Il explique également vouloir intensifier les contrôles dans les écoles hors-contrat qui ne respecteraient pas l’égalité femme-homme. Les autres candidats n’ont présenté, pour l’instant, aucune mesure de sensibilisation au respect des femmes et à l’égalité dans les écoles. Les propositions des différent·e·s candidat·e·s à la présidentielle restent dans l’ensemble assez vagues, peu convaincantes et, bien souvent, trop timorées. Emmanuel Macron (En Marche) et Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste) n’ont pas encore de programme et n’ont apparemment pas jugé important de s’exprimer sur la question. Avant de voter, il s’agira de faire attention aux doubles discours hypocrites, de lire entre les lignes et, surtout, de ne pas avoir la mémoire courte.

Clémentine Sabrié

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