Women House, une exposition sur l’art féministe à voir d’urgence à la Monnaie de Paris

 

Les femmes sont restées assises à l’intérieur de leurs maisons pendant des millions d’années, si bien qu’à présent les murs mêmes sont imprégnés de leur force créatrice.

écrivait Virginia Woolf dans Une chambre à soi en 1929. Mettre en avant une quarantaine de femmes artistes à travers la relation qu’elles entretiennent avec l’espace domestique, voilà le sujet de la passionnante exposition Women house, qui se tient à la Monnaie de Paris jusqu’au 28 janvier.

Un hommage aux artistes féministes des années 70

Le titre de l’exposition, Women house, est un hommage à l’exposition Womanhouse qui avait été organisée en 1972 à Los Angeles par Miriam Schapiro et Judy Chicago. Ces deux artistes avaient transformé temporairement une maison en un espace d’installations et de performances artistiques féministes. Les artistes impliquées y avaient dénoncé le rôle domestique réservé aux femmes par la société de l’époque.

C’est par un reportage sur cette expérience artistique que commence l’exposition et tout de suite, le ton est donné : entre les interviews d’hommes totalement dépassés par les installations et performances proposées, et la présence à l’entrée de la salle d’un immense vagin tricoté au crochet conçu pour la Womanhouse de 1972, on comprend vite que le sens de l’humour et l’ironie seront à l’ordre du jour.

Des Desperate housewives à Une chambre à soi

Drôle mais aussi très documentée et pédagogique, l’exposition présente à travers huit salles la diversité des points de vue et messages transmis par les femmes artistes depuis les années 70 au sujet de leur vie domestique. Évidemment, elles sont nombreuses à montrer la maison comme un espace d’enfermement et à dénoncer l’ennui des tâches domestiques. Cela donne l’occasion de constater (pour ceux qui en doutaient encore) que le poids de la « charge mentale » ne date pas de 2017.

 

L’artiste autrichienne Karin Mach, toute de noir vêtue, transforme une planche à repasser en sépulture, pendant que Valie Export parodie une madone de Michel-Ange et accouche par le tambour d’une machine à laver. Ces femmes rêvent toutes de liberté, comme en témoigne l’affiche de l’exposition où l’artiste nous dit qu’elle ne rêve que d’une chose : s’échapper de chez elle (« Ich möchte hier raus ! » / « je veux sortir d’ici ! »).

Des femmes « architectes d’un nouveau monde »

Mais, plus on progresse dans la visite, plus on découvre aussi la maison comme un espace de conquête d’une forme d’indépendance et comme lieu de construction d’une identité artistique. La maison est détournée, elle devient un studio photo ou un moyen de conquérir sa liberté par le voyage et le nomadisme.

Même si certaines installations plus conceptuelles et contemporaines sont peut-être un peu moins convaincantes, en particulier la salle consacrée aux “Empreintes”, on est, dans l’ensemble,  enthousiasmé par la diversité des techniques utilisées : si la photo est très présente, les murs sont parfois recouverts de tentures créées avec des vêtements recyclés, des vidéos, des sculptures en céramique ou encore des installations grandeur nature (et plus encore, puisque l’exposition se conclut par une œuvre spectaculaire de Louise Bourgeois). Des créations de femmes « puissantes », « architectes d’un nouveau monde », comme le rappelait récemment Camille Morineau, la commissaire de l’exposition.

Si vous voulez les découvrir, dépêchez-vous : vous n’avez plus que jusqu’au 28 janvier pour visiter cette passionnante Women house !

Émilie

Exposition Women house

Jusqu’au 28 janvier 2018 à la Monnaie de Paris (11, quai Conti 75006 Paris)

Du mardi au dimanche de 11h à 19h

Nocturne le jeudi jusqu’à 21h

Plein tarif : 12 € (11 € sur internet) ; tarif réduit : 10 € (9€ sur internet) ; tarif jeune : 8 €

 

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