Envie d’une soirée théâtre féministe ? Courez voir Mon Olympe !

Envie d’une soirée théâtre féministe ? Courez voir Mon Olympe !

Mon Olympe, pièce de théâtre féministe, est de retour à Paris après (notamment) un grand succès l’été dernier au festival off d’Avignon ! Que vous soyez une militante convaincue ou que vous découvriez le mouvement féministe, voici pourquoi cette pièce vous fera un bien fou et vous donnera une envie débordante de rejoindre (ou de poursuivre) le combat.

C’est l’histoire d’une troupe

La genèse de la pièce est indissociable de celle de la troupe. Commençons donc par les présenter. Les cinq comédiennes (Sarah Coulaud, Louise Fafa, Claire Bouanich, Jeanne Ruff et Maud Martel) et les deux co-autrices (Marie-Pierre Boutin et Gabrielle Chalmont, cette dernière étant également metteuse en scène) sont toutes passées par la même école de théâtre. À leur sortie, c’est tout naturellement qu’elles ont décidé de jouer ensemble. Problème : une pièce écrite pour cinq femmes, c’est bien difficile à trouver…

Partant du principe qu’on n’est jamais si bien servies que par soi-même, et fortes de leurs propres expériences, elles projettent alors la création de leur propre pièce. « C’est ce que l’on appelle une écriture de plateau », raconte Marie-Pierre Boutin, qui avait déjà écrit pour le théâtre avant de se lancer dans cette aventure. « Nous nous sommes rassemblées à sept, pour discuter du féminisme, à travers différents thèmes. Chacune apportait son point de vue. » Suite à ces débats et à ces témoignages, particulièrement riches dans un cadre de confiance totale, des ateliers d’improvisation ont permis de construire et d’affiner les personnages, puis de passer à l’écriture de la pièce proprement dite.

Le groupe de parole féministe que forment les cinq comédiennes dans la pièce s’appuie donc sur le cadre de création de la pièce elle-même. L’objectif partagé était de fédérer le groupe autour de la question du féminisme, « vitale » pour Maud Martel. « Le plus souvent, les films et les pièces articulées autour d’un groupe de femmes mettent en scène un « humour » genré, très convenu et finalement un peu bête », explique Gabrielle Chalmont. « Il y avait donc aussi, quelque part, le but de rendre l’humour aux femmes ». Et c’est réussi, car l’humour, toute la troupe le manie à la perfection, que ce soit pour faire passer leurs messages, interpeller le public, ou simplement à travers une bonne dose d’auto-dérision.

Une pièce pour rappeler les fondamentaux du féminisme

Les comédiennes interprètent cinq jeunes femmes, étudiantes à l’université, qui se retrouvent chaque semaine dans un parc pour discuter du féminisme. Simone, Jeanne, Lucie, Louise et Marie débattent entre elles, et la soirée commence bien : Marie réussit à s’affirmer féministe et à se reconnaître dans ce mot, et le groupe de femmes reçoit une proposition pour passer à la télévision ! Mais ce soir-là, elles vont se retrouver, par un malheureux concours de circonstances, enfermées pour la nuit dans le jardin. Leurs débats, leurs questionnements, leurs convictions, leurs craintes et leurs certitudes vont se trouver au cœur de l’intrigue.

Cette longue nuit va en effet être l’occasion pour chacune de confronter ses idées, son vécu et ses arguments. Le parc fermé, cadre hostile et anxiogène, constitue une habile métaphore de la société patriarcale. Les cinq jeunes femmes vont affronter cet environnement, parfois seules, parfois ensemble.

Outre la grande qualité du travail de ses autrices et de ses interprètes, la force de la pièce tient aussi à la diversité des thèmes qu’elle aborde. L’avortement, les droits civiques, les inégalités salariales, les viols, la prostitution, le harcèlement sexiste, la lesbophobie… la dénonciation des violences machistes est omniprésente. En particulier, chacune des cinq femmes va se livrer à un monologue sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur. Ces cinq moments suspendus sont à la fois d’une extraordinaire poésie et d’une force colossale. Ils abattent le mur entre les comédiennes et le public, tout en mettant souvent des mots crus sur la réalité.

Les personnages, à la fois très marqués, très différents, mais évitant les pièges des stéréotypes, illustrent la diversité des féminismes et les façons d’aborder le combat féministe. Si les opinions sont variées sur les moyens d’agir, elles se rejoignent sur les constats. Mais ce qui les rassemble, outre bien sûr la volonté d’en finir avec le patriarcat, est l’énergie, la fougue, avec lequel elles « pratiquent le féminisme », comme on pratique un sport de combat. Les chorégraphies, les musiques, le dynamisme de la mise en scène, rappellent en effet à quel point le féminisme est un combat permanent, à la fois collectif et individuel, intellectuel et physique. Une belle façon de remercier toutes les militantes féministes passées, présentes et à venir.

Une volonté de parler aux plus jeunes

« Il y a aussi, à la base de notre travail, l’impression qu’on repart un peu de zéro à chaque fois quand on discute avec des inconnu⋅e⋅s en soirée. » Gabrielle Chalmont a souvent éprouvé cette sensation de devoir toujours répéter les mêmes faits, les mêmes évidences. Et à travers cette pièce, la troupe cherche particulièrement à sensibiliser les jeunes générations sur la misogynie ambiante et sur la nécessité de lutter contre le patriarcat. C’est pourquoi elles se produisent régulièrement dans des établissements scolaires.

« Ça marche particulièrement bien avec les classes de troisième et de seconde », explique Marie-Pierre Boutin. Les questionnements des cinq femmes tout au long de la pièce, en particulier sur l’apparente désaffection des jeunes pour les revendications féministes, doivent effectivement susciter bien des réflexions chez les élèves. Le message transmis rappelle la célèbre citation de Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » De quoi nourrir, espérons-le, des envies et des vocations de militantisme féministe parmi les collégien⋅ne⋅s et les lycéen⋅ne⋅s !

Dès le 14 novembre, Mon Olympe s’installe au Théâtre Douze, près de la porte de Vincennes, pour trois semaines. Vous l’aurez compris, il est vivement conseillé d’aller les applaudir ! Et pour la petite histoire, sachez que la compagnie des Mille Printemps – car tel est le joli nom de cette fabuleuse troupe – n’en est qu’à ses débuts. Il se murmure même que leur deuxième pièce devrait être créée en septembre de l’année prochaine… Alors souhaitons à cette compagnie tout le succès et la longévité qu’elle mérite !

Mon Olympe est actuellement jouée au Théâtre Douze, 6 avenue Maurice Ravel à Paris (12e), jusqu’au 3 décembre (relâche les lundis et le 18 novembre).

Vous pouvez suivre l’actualité de la pièce sur leur page Facebook : https://www.facebook.com/monolympe

Mon Olympe, une pièce de Gabrielle Chalmont et Marie-Pierre Boutin, mise en scène par Gabrielle Chalmont, avec Sarah Coulaud (Jeanne), Louise Fafa (Simone), Maud Martel (Louise), Jeanne Ruff (Marie) et, en alternance, Éloïse Bloch et Claire Bouanich (Lucie).

Un immense merci à toute la troupe pour le temps et l’accueil chaleureux qu’elle m’a accordés après la représentation du 11 octobre.

Paul Poussard

 

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