Le prix Nobel de la Paix pour Malala
Les inégalités filles-garçons en terme d’éducation sont édifiantes à l’échelle mondiale. D’après les chiffres de l’UNESCO, près de 113 millions d’enfants sont exclu-e-s de l’école, dont deux tiers de filles. On compte 875 millions d’adultes illettré-e-s, dont là encore deux tiers de femmes. C’est contre ces inégalités, et pour le droit des filles d’être éduquées que se bat Malala Yousafzai, jeune Pakistanaise de 17 ans qui vient d’obtenir le prix Nobel de la Paix.
Le parcours de Malala force le respect. À l’âge de 11 ans, elle crée un blog, « journal d’une écolière pakistanaise », dans lequel elle dénonce courageusement les exactions perpétrées par les Talibans dans la vallée de Swat, où elle habite. Ceux-ci ont en effet déclaré la guerre à l’éducation des filles, incendiant leurs écoles et semant la terreur parmi la population. Mais Malala refuse de se taire. Le 9 octobre 2012, alors qu’elle sort de son école, un commando de talibans tente de l’assassiner. Atteinte à la tête et au cou par une balle, Malala échappe de peu à la mort. Rétablie de ses blessures, elle reprend de plus belle son combat, alertant le monde entier sur les injustices subies par des millions de filles, jusqu’à la tribune de l’ONU. Comme elle le dit, « nos livres et nos stylos sont nos armes les plus puissantes. Un enseignant, un livre, un stylo, peuvent changer le monde ». L’éducation est le rempart le plus efficace qui existe face à l’obscurantisme, au fanatisme, et c’est bien pour cela que les talibans au Pakistan ou encore Boko Haram au Nigeria s’attaquent aux écoles, principalement aux écoles de filles. Egalement lauréate du prix des enfants du monde, Malala a annoncé qu’elle reversait la dotation (50 000 dollars) pour la reconstruction des écoles de Gaza.
Que pouvons-nous souhaiter à Malala Yousafzai ? Que ses revendications soient entendues et surtout, qu’elle accomplisse son rêve : devenir médecin.
Claire
Femmes et Prix Nobel
47 femmes ont été primées jusqu’ici pour 812 hommes. Si la physicienne Marie Curie a été récompensée deux fois en 1911 et 1914, ce n’est qu’en 2009 qu’un « Prix Nobel d’Économie » prime une femme ; en physique, deux femmes seulement ont été distinguées, et pas une seule depuis 1963. Ces chiffres éclairent la sous-représentation des femmes dans la reconnaissance publique de leurs talents et travaux, surtout au niveau des sciences et techniques. Au contraire, les prix Nobel de la Paix et de la Littérature récompensent davantage les femmes, renforçant un essentialisme qui fait du pacifisme et de la sensibilité artistique des caractéristiques fondamentales de LA femme.
Justine