Décryptage du discours publicitaire sur les règles
Les règles sont historiquement et traditionnellement perçues comme une honte… Ce côté tabou et honteux en fait une manne pour les entreprises qui vendent des protections hygiéniques. Et qui fonctionnent toujours sur le même discours.
Une injonction de discrétion : les règles ne doivent ni être mentionnées ni être vues
Les règles, par définition, doivent être cachées. Et c’est le rôle n°1 des protections hygiéniques. Le vocabulaire de la protection n’est pas anodin : le champs lexical de la sécurité et du risque est anxiogène. Ces concepts de sécurité, sûreté et confiance renforcent le stéréotype des femmes qui sont des petites choses particulièrement vulnérables pendant cette période du mois.
Pour renforcer cette injonction de discrétion, un ressort : la honte
Dans les pubs, la protection hygiénique libère les femmes. Si l’on s’en tient aux pubs, une femme qui a ses règles n’est plus une femme libre ! Elle ne peut rien faire, elle a trop peur d’être découverte. C’est donc bien que leurs règles sont sensées les enfermer, les maintenir dans l’espace domestique.
La dérive hygiéniste : les règles, c’est sale et ça sent mauvais !
Dans une logique de création de besoin chez les femmes, les marques de protection n’hésitent pas à développer un discours hygiéniste et culpabilisant sur l’odeur supposée des règles et l’impureté de la femme réglée.
C’est grave à plus d’un titre : cela crée un sentiment de honte chez les jeunes filles, et cela pousse à la consommation de produits hygiéniques parfumés, mauvais pour les muqueuses et la flore vaginale.
Un marketing qui nous enferme, pour un produit qui constitue pourtant un progrès indéniable
Ces protections hygiéniques, qui peuvent être si énervantes pour nous, parce qu’elles véhiculent des clichés, qu’elles créent des besoins inexistants et qu’elles sont chères, sont un bien précieux pour d’autres qui n’y ont pas accès. En effet, dans les pays en développement, certaines femmes interrompent le cours de leurs activités (travail, école) faute d’accès aux protections. Pour les femmes sans domicile et les femmes précaires au sens large, la problématique du prix des protections est cruciale.
Pour contrer le discours publicitaire, renommons les protections !
Le nom même de protection est anxiogène, puisqu’il véhicule l’idée d’une menace qui pèserait sur les femmes. Pour nous réapproprier nos règles et les vivre librement, renommons les protections hygiéniques !