Cinema Cannes : partenaire officiel du sexisme
Cannes, son festival, son amour du cinéma… En ce joli mois de mai, le monde entier se tourne vers la Croisette pour admirer le fleuron du septième art mais également le florilège de femmes-sandwichs estampillées L’Oréal, partenaire du festival, se pavanant sur le tapis rouge en montant les marches sans rien avoir à présenter d’autre que leur décolleté. L’Oréal peut ainsi continuer à entretenir l’image de la femme-objet et nous pousser à l’hyper-consommation de ses produits.
Cannes est le reflet de la société patriarcale où la femme est réduite à un rôle passif de séduction. Depuis quelques années, le festival est remis en cause pour son manque criant de parité dans le palmarès. Les réalisateurs écrivent surtout des films d’hommes, faits par des hommes, pour des hommes avec des rôles d’hommes, « parce que nous le valons plus que voues ». Thierry Frémaux, délégué général du festival, estime la question désuète car, reprenant Marguerite Yourcenar, « on ne crée pas avec son sexe ».
En 2012, le collectif La Barbe monte au créneau pour dénoncer l’absence de femmes dans la sélection en publiant une Tribune dans le Monde : « A Cannes, les femmes montrent leurs bobines, les hommes, leurs films». Elles sont en majorité sur les affiches promotionnelles du festival ou parfois maîtresses de cérémonie, cantonnées au paraître et non à la création. La sous-représentation des femmes marque la dévalorisation criante de leur travail : seule Jane Campion a obtenu la palme d’or en 1993 pour La Leçon de piano.
Les hommes restent donc entre eux dans cette compétition élitiste, et se permettent l’insulte. Ozon affirmait en 2013 que « la prostitution est un fantasme commun à beaucoup de femmes » tandis que Polanski déclarait que « la tendance à vouloir mettre les hommes et les femmes à égalité est purement idiote. […] La pilule a beaucoup changé les femmes de notre temps, en les masculinisant.». Ils vont jusqu’à convier et récompenser leurs confrères accusés de pédocriminalité (Woody Allen, Roman Polanski…) !
Le sexisme n’aura jamais eu un coup de projecteur aussi prestigieux. Il serait bon de mettre sous les feux de la rampe les professionnelles du cinéma et leurs oeuvres afin de donner plus de panache à ce milieu trop aveuglé par les paillettes et le gain. Car quel meilleur vecteur que le cinéma pour changer les mœurs?
Meryl