Livres pour enfants : le sexisme dès la naissance
S’il y a bien un secteur qui ne connaît pas la crise, c’est celui de la littérature jeunesse : les ventes ont explosé ces vingt dernières années. À son égard, les parents et professionnel-le-s ont tendance à baisser la garde par rapport à d’autres médias dans leur choix.
Le secteur pourrait refléter la société actuelle : les auteur-e-s redoubleraient de créativité en peuplant ces belles histoires de princesses tuant des dragons et de petits garçons pouponnant, sortant les femmes de leur cuisine, ou faisant battre le pavé aux aventurières. Encore plus fou, des garçons et des filles joueraient ensemble ! Mais que nenni ! Les collections rivalisent de conformisme, regorgent de rôles bien stéréotypés et de personnages très blancs.
Ainsi, la tristement célèbre collection P’tite Fille/ P’titGarçon de Fleurus comprend des titres comme «Ninon joue à la secrétaire» et «La moto de Marco». Les filles sont cantonnées à des rôles sexistes, là où les garçons bénéficient d’une palette de rôles bien plus larges, quoique genrés aussi.
Pour ne pas perdre de temps, ces caricatures sont données à lire et à regarder aux enfants dès la naissance. Les libraires entendent souvent : « Ah non c’est pour un garçon, comment pourrait-il s’identifier à une fille ? ». Plus rarement l’inverse. Pourquoi les filles devraient pouvoir s’identifier et se construire des modèles à partir de l’autre sexe là où garçons en seraient incapables ? Aucune projection sur une femme pompière, championne de Taekwondo ou motarde chevronnée ? Aucune empathie pour un prince étourdi ou un homme à la maison ? En attendant, les enfants ingurgitent directement ce prêt-à-penser. Et cela ne fait que renforcer les stéréotypes genrés de la société qui les entoure. Comment pouvons-nous espérer une société moins sexiste si les seuls exemples donnés aux enfants le sont à l’extrême ?
Quelques éditeurs, mais bien rares, comme Talents Hauts tentent de renouveler la littérature jeunesse, avec des livres « 100% sans sexisme ». Attention révolution !
Justine