Lettre ouverte à ma fiancée
Ma douce, ma belle,
Comme j’aimerais savoir balayer d’un bon mot les remarques graveleuses, les propos blessants et indécents de quelques-uns, de nos amis ou de parfaits inconnus croisés au hasard d’une soirée. En public, nos gestes tendres et discrets éveillent la curiosité. « Mais comment vous faites, concrètement ? Parce que ça doit manquer quand même… Tu fais comment pour faire l’homme ? C’est elle, c’est toi, vous changez parfois ? Excuse-moi, hein, je veux pas être indiscret, mais quand même c’est pas pareil sans mec… ça peut pas être pareil, y a rien à faire ! » Non, je ne t’excuse pas et si, tu es indiscret. Tu es même grossier et grotesque.
Ma douce, faut-il se taire et le laisser parler ? Peut-être pourrais-je lui dire à quel point je t’aime. Dessus, dessous, debout, à genoux, j’aime t’aimer. Dans l’air, dans l’eau, par terre, j’aime faire l’amour avec toi. Permettras-tu que je lui dise ? N’est-ce pas déjà livrer ce qui n’appartient qu’à nous ? Ma belle, m’accorderais-tu une brèche dans notre intimité, juste pour lui confirmer que je jouis sans peine, pleinement, longuement, avec un bonheur indicible, grâce à toi. Lui dire que notre si belle histoire d’amour est aussi une belle histoire de cul. Nous avons nos préliminaires, nos acrobaties, nos préférences. Nous usons de tous nos sens et chaque parcelle de ta peau me captive. Ma si belle amour, je te désire partout et toute entière.
Et si c’est déjà trop pour nous, c’est encore trop peu pour lui. Il insiste, curieux, blessé de comprendre que sa virilité nous importe peu : « C’est comme avec un mec ?! Vous utilisez bien des trucs alors ? ». Ma belle, ma douce, je vois déjà tes yeux chagrins face à cette malsaine avidité de détails techniques, alors que nous, nous parlons désir et sensualité.
C’en est trop ! Alors oui, c’est comme avec un mec, oui, on se prend debout contre les portes, oui, on lèche, on suce, on pénètre… oui, on y met les doigts, les mains, la langue, mais là, en plus, il y a des seins ronds, des hanches et un clito ! Miam. Oui je sais, ma douce, j’en fais trop. Quand nous laisseront-ils en paix ? A quand le respect ?
Peut-être faut-il juste continuer à vivre comme nous l’entendons, avec nos gestes tendres en public, nos doigts entrelacés aux terrasses des cafés, mes mains sur tes hanches en balades… Ô tes hanches !
Valérie
PMA pour toutes !
Samia et Emilie désirent un enfant. Si elles étaient belges, danoises, espagnoles, finlandaises, néerlandaises, anglaises ou suédoises, elles auraient accès à la PMA. Le problème ? Samia et Emilie sont françaises : elles devront organiser un voyage à l’étranger avec le coût financier et les risques sanitaires induits, avoir recours au système D ou renoncer.
La PMA ou Procréation Médicalement Assistée, désigne l’ensemble des techniques permettant de fusionner un ovule et un spermatozoïde par le biais d’interventions médicales, afin d’obtenir à terme une grossesse. En France, elle est réservée aux couples hétérosexuels infertiles. Exit lesbiennes et célibataires, alors qu’elles sont éligibles à une adoption.
Engagement de François Hollande en 2012, revenant régulièrement dans les débats, la loi PMA pour toutes provoque des indi- gestions à nos politiques qui apparemment n’imaginent pas une femme enceinte sans un viril bras protecteur. Vous avez dit sexisme ? Vous avez dit lesbophobie ?
Murielle