Droits des femmes et climat : Quelle température à la COP 26 ?
Lutter contre le réchauffement climatique et organiser transitions énergétique et écologique va de pair avec la justice sociale, dont l’égalité femmes-hommes fait partie. Osez le féminisme ! lance un groupe de réflexion liant féminisme et écologie, pour se former, féminister les actions écologistes et valoriser le matrimoine écoféministe. Retour sur la 26ème COP climat de Glasgow (novembre 2021) où les gouvernements ont présenté leurs engagements.
Les femmes sont les 1ères victimes du dérèglement climatique
Selon le GIEC (Groupe d’expert·es Intergouver- nemental sur l’Evolution du Climat), les femmes en subissent plus les effets à cause de leur :
– vulnérabilité économique, qui rend plus difficile l’adaptation aux nouvelles conditions,
– mobilité réduite par des contraintes sociales,
– plus faible capacité d’action du fait d’un moindre accès à l’éducation et au pouvoir de décision.
Et 80% des personnes déplacées par les catastrophes climatiques sont des femmes, des filles1. Le climat impacte par ailleurs la charge de travail domestique non rémunéré (distance aux points d’eau potable en cas de sécheresse, etc). En France, où les femmes assument le travail ménager et de soins, près de 2 habitant·es sur 3 sont déjà exposé·es à des risques climatiques. Lors des crises, ces charges mentales et matérielles s’aggravent, les inégalités aussi, comme encore constaté avec le Covid-19. Pour que les actions soient à la fois pour le climat et l’égalité f-h, il est donc important qu’elles soient basées sur des données sexo-spécifiques.
La COP n’ignore pas (totalement) les femmes
Christiana Figueres et Laurence Tubiana sont les architectes de l’accord de Paris
sur le climat (2015). Michelle Bachelet, Haute Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l’homme (sic) et Nicola Sturgeon, 1ère ministre d’Ecosse, ont lutté pour le climat et l’égalité à la COP26. Les femmes se font entendre avec des organisations de droits humains, jeunes, peuples autochtones et paysan·nes. La COP dédie une journée à l’égalité f-h, le « gender day ». Chaque pays, dont la France, a aussi nommé une personne « point focal national genre et climat » pour participer aux négociations (1). On a aussi remarqué Petite Amal, une marionnette apparue lors du discours de Brianna Fruean, qui rappelle les puppets des écoféministes américaines de 1980 ! Les négociations sont encore masculines. D’après la Constituante Femmes et Genre (2), la COP26 était « l’une des moins inclusive, moins accessible et la plus injuste à laquelle elle ait jamais participé ». Le premier enjeu est donc d’être présentes et entendues.
Quelles avancées ?
Lors du « gender day » à Glasgow, la Bolivie s’est engagée à prendre en compte des données genrées dans son plan national d’actions ; le Canada à ce que 80% de ses investissements pour le climat s’accompagnent d’objectifs fixés en faveur de l’égalité f-h. La France est restée muette. Quid du gender budgeting, qui prend en compte des données ventilées par sexe pour construire
son budget ? La société civile se mobilise. Exemple : le prix « solutions genre climat » a récompensé le renforcement de la souveraineté alimentaire et la résilience des femmes autochtones (Guatemala), le soutien aux réfugiées avec les technologies solaires (Turquie) ou encore un réseau pour les défenseuses des droits environnementaux (Argentine).
Nos revendications devraient être écologistes et féministes pour que l’égalité f-h ne soit pas reléguée au 2nd plan derrière l’urgence écologique ! La COP 27 de 2022 en Egypte questionnera aussi nos droits, la représentativité et la liberté de parole des femmes. Pour réfléchir à ces enjeux et proposer des actions concrètes, nous t’invitons à rejoindre le groupe de réflexion d’OLF !
Féminisme, écologie et climat, groupe de réflexions d’Osez le Féminisme !
Sources :
https://cutt.ly/uStYUbl
Gender Day de la COP 26 : 9novembre 2021 https://cutt.ly/yStYLqG
https://cutt.ly/sStY9O3
(1) Pour la France le contact « point focal national genre et climat » est Madame Sarah Mesure
(2) La Constituante femme et Genre (Women gender constituency) regroupe 33 organisations environnementales et féministes et est observateur officiel depuis 2011 des travaux de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques