Arrêt de bus à la demande : retours sur les premières expériences, vers une généralisation ?
La moitié des femmes ne se sentent pas en sûreté dans les transports en commun. Un quart des Françaises refuse même de prendre le bus pour des raisons d’insécurité. Pour tenter de remédier à ce triste constat, un système d’arrêt de bus à la demande a été mis en place dans plusieurs villes. Retours sur les premières expériences.
Nous avons déjà toutes été victimes d’harcèlement sexuel, dans la rue, les transports en communs, bref dans l’espace public. Ainsi en 2016, 87% des françaises interrogées affirmaient avoir déjà subi une situation de harcèlement sexiste dans les transports selon une enquête de la Fédération nationale des associations d’usagers de transports. L’endiguement de cette violence nécessite une implication concrète et forte des pouvoirs publics, qui y restent peu attentifs malgré de timides mesures. Une solution initiée dans plusieurs villes consiste à permettre aux femmes qui en feraient la demande de se rapprocher le plus possible de leur domicile lorsqu’elles prennent le bus. Un premier pas vers de réels moyens (préventifs, répressifs) pour lutter contre les hommes harceleurs ? On l’espère !
Parce que prendre les transports en commun et marcher dans la rue ne devrait pas être source de stress ou synonyme de danger, il est urgent d’agir ! Avec le dispositif de « descente à la demande » dans les bus proposés dans le cadre du cinquième plan quinquennal de mobilisation et de lutte contre toutes les violences faites aux femmes, une tentative est amorcée. Le principe ? Permettre à toute personne de descendre entre deux arrêts de bus afin de se rapprocher au maximum de sa destination finale de 21h ou 22h à la fin du service. Comment ? En demandant au.à la chauffeur.se, celui-ci ou celle-ci restant le.a seul.e décisionnaire de la faisabilité de la demande, de marquer un arrêt intermédiaire entre deux arrêts officiels. L’objectif ? Lutter contre les violences masculines commises contre les filles et les femmes dans les transports collectifs et leur permettre de se sentir plus en sécurité dans l’espace public.
De l’expérimentation à la généralisation ?
A Nantes, ville pionnière dans la mise en place de ce dispositif en France, les résultats sont concluants : après une expérimentation de six mois sur l’ensemble des réseaux nocturnes, l’arrêt à la demande a été pérennisé dans la Cité des Ducs en mai 2016. Du côté des conducteurs.trices, on se réjouit que ce cadre réglementaire légitime une pratique parfois déjà utilisée, « cela permet de protéger la.le conducteur.trice dans son aide à la cliente et de rassurer cette dernière lors de sa demande d’arrêt ». Côté usagères, aucune réclamation pour refus n’a été enregistrée, et le service a été régulièrement utilisé. Les femmes osent-elles facilement demander à s’arrêter entre deux stations ? « Il n’y a pas foule, mais on ne s’attendait pas à une foule. C’est un service en plus qu’on offre à la clientèle. Si cela rend service à 50 personnes, sans impact sur l’exploitation du réseau, je ne vois pas pourquoi on s’en priverait » avait ainsi commenté auprès de l’AFP, Alain Boeswillwald, le directeur général de la Semitan (Société d’économie mixte des transports en commun de l’agglomération nantaise). Face à ce petit succès, d’autres villes ont choisi de lancer à leur tour le dispositif : Bordeaux, Brest, Pau… et désormais Paris. A quand une généralisation et une entrée en vigueur de ce dispositif dans toute la France ?
Malvina
* Sources :
– une femme sur deux affirme ressentir de l’insécurité lorsqu’elle emprunte les transports en commun, selon une étude publiée par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales.
– 25% des femmes ne prenaient pas le bus parce qu’elles ne s’y sentent pas en sécurité, selon une étude de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme publiée en 2016.