3 questions à Caroline Flepp, rédactrice en chef de « 50/50 », le nouveau magazine en ligne sur l’égalité
De quel constat est parti 50/50 ? Pourquoi un nouveau magazine sur l’égalité ?
Le constat est sans appel, le problème récurrent : les femmes sont toujours aussi invisibles dans les médias généralistes. 16,26 % de femmes ont été invitées dans la matinale de France Inter de février 2013 à février 2014. Autre exemple, les événements sportifs féminins n’ont représenté que 7% de la couverture médiatique sportive. Les sujets qui les intéressent et les concernent sont extrêmement peu traités. Très peu de journalistes se sont intéressé-e-s à la question de la parité aux dernières élections municipales. Les médias sont en crise. Pourtant, ils ne se posent absolument pas la question de la désaffection de leur lectorat féminin. Quand aux médias spécifiquement féminins, ils prospèrent sur les stéréotypes… En France, comme ailleurs, il existe extrêmement peu de médias traitant de toutes les questions ayant trait à l’égalité entre les femmes et les hommes. 50/50 peut y remédier.
Quelle est le secret de cette nouvelle formule ?
Tout d’abord le projet repose sur un travail collectif. Les contributeurs et contributrices sont une équipe de plus de 30 femmes, et quelques hommes, de tous âges, de profils variés, de différents pays et d’horizons divers : chercheuses, réalisatrices, journa- listes, étudiant-e-s, membres d’associations etc.
Le principal objectif de 50/50 est d’en faire un média citoyen et participatif. Puisque les médias donnent si peu la parole aux expertes, nous allons au contraire valoriser leurs travaux. Des partenariats avec un certain nombres d’organismes de recherche ont été noués. Le premier axe de 50/50 est de prendre le contre-pied des médias traditionnels qui n’annoncent que de mauvaises nouvelles, pour au contraire faire connaître des initiatives et des victoires, petites et grandes, de femmes. Le second axe, c’est de s’ouvrir sur l’international avec des interviews avec des féministes et des personnalités du monde entier ou bien des points sur la situation des femmes dans différents pays d’Afrique, d’Amérique, d’Asie, d’Europe. Enfin, 50/50 va s’intéresser aux hommes féministes ou pro-féministes…
Quels vont être les premiers sujets pour le lancement du site ?
En avant-première pour Osez le féminisme! Le premier dossier va porter sur l’analyse des résultats des élections municipales, en termes de parité. Nous avons le témoignage d’une jeune slameuse féministe, mais aussi un article sur le premier réseau de femmes journalistes syriennes créé en février 2013, le portrait d’un homme féministe, Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo et enfin un focus sur le parcours de Sandrine Roustan, seule femme directrice des programmes d’une chaîne de France TV, licenciée abruptement il y a peu.
Propos recueillis par Julie