« Voilà comment j’ai adhéré à 75 ans à OLF »
L'équipe d'Osez le Féminisme ! souhaitait partager avec vous les mots et l'histoire de Claudette, qui nous écrit régulièrement en réponse aux campagnes ou aux journaux de l'association. Elle nous rappelle pourquoi l'engagement féministe est indispensable, et qu'il n'y a pas d'âge pour s'y mettre !
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Bonjour à toutes et surtout MERCI, encore et encore MERCI, mais désespérément MERCI puisque je suis dans ma 77eme année, pour votre si révélateur et malheureusement si exact de vérités de votre bulletin n° 48 de Février.
J’ai adhéré à l’antenne OLF.37, voici 15 mois, après avoir participé au rassemblement de soutien à Jacqueline SAUVAGE le 25/11/2016, pour sa libération suite à son ignoble condamnation par la justice, alors qu’elle a libéré la société d’une sale vermine, son mari.
Je m’étais fabriqué une pancarte dénonçant sa condamnation, ma sœur jumelle monozygote décédée des suites de maltraitances psychologiques, sadiques et perverses de la part de son horrible mari il y a 8 ans (reconnues par le Corps Médical). Sur cette pancarte je disais bien que « Moi j’aurais préféré que ce soit le bourreau qui meure plutôt que ma sœur, la victime ».
Voilà comment j’ai adhéré à 75 ans à OLF. J’ai ce devoir de mémoire pour ma petite sœur, mais pas que, puisque moi-même j’ai eu à souffrir de maltraitances de mon propre mari, et ce depuis l’âge de 17 ans.
Nées pendant la guerre (en 1941), mère juste 20 ans, n’a pas accepté cette naissance gémellaire de 2 filles, n’aimant que les garçons. Nous l’a toujours reprochée. Orphelines de père à l’âge de 8 ans et son remariage 1 an après, dans une époque où tout était tabou, à une époque où les filles étaient complètement ignorantes et n’avaient aucun droit, où le sens de l’honneur prévalait sur tout, j’ai du ME MARIER AVEC CE GARCON QUI M’AVAIT VIOLEE À 17 ANS. Pas d’autre choix.
Le grand mot « LA SIDERATION » comme vous la décrivez si bien dans ce bulletin, est ce qui m’est arrivée.
Le plus grave pour moi, c’est qu’ensuite ce mari m’a violée toute ma vie, se servant « de son droit conjugal » qui était une faute grave dans la société de l’époque : divorce au seul tort de la femme…
De plus, très dictateur, je n’avais aucun droit de quoi que ce soit, juste celui de travailler et de me taire…
Après 3 tentatives de suicide (après le décès de ma sœur) dont la dernière de façon brutale, j’ai eu cette unique chance de tomber à l’hôpital BRETONNEAU de TOURS sur 2 très bons thérapeutes (psychiatre et psychologue, que je vois toujours d’ailleurs) qui m’ont faire comprendre l’emprise dans laquelle j’étais enfermée. Et c’est ainsi qu’à 75 ans, seulement, j’ai eu la force de m’en séparer.
Mais, je tire comme on dit « le diable par la queue », car j’ai dû partir sans rien qu’avec ma petite retraite.
Toujours ignorante, j’ai accepté en 1968 de construire une maison en indivision sur un terrain lui appartenant après donation de ses parents (avec qui j’ai dû vivre auparavant), puisque mari fils unique. Personne ne m’a prévenue à l’époque du risque que l’on me faisait prendre, même pas le notaire, de leur famille bien entendu. J’ai travaillé toute ma vie pour ce patrimoine pour m’entendre dire à 75 ans » que rien ne m’appartenait « (travaillé pour des nèfles…) puisque la maison appartient au propriétaire du terrain… Certaines lois sont quand même injustes.
Récemment m’en offusquant, ce monsieur me dit, toujours avec des mots qui tuent : » Mais, ma pauvre fille, tu n’as pas encore compris que tu étais bonne qu’à te faire avoir ? « . Oh! que si, maintenant je l’ai plus que compris, ainsi que j’ai compris, mais bien trop tard, que j’ai raté ma vie et qu’il n’y a pas de marche arrière.
Pourquoi, je vous raconte tout celà. Pour vous féliciter toutes de vos très justes articles dans ce bulletin n° 48. Vous êtes des FEMMES FORMIDABLES.
Faire partie de OLF est mon but désormais dans la vie, ainsi que l’ADMD dans un autre domaine. C’est pourquoi je participe à toutes les actions menées par l’antenne de TOURS et que je le ferai tant que ma santé me le permettra. Je suis bien évidemment la doyenne de cette antenne et déplore malgré tout qu’en 2018 au XXIeme siècle, le combat des femmes existent encore.
J’ose dire, que depuis 15 mois, j’en ai beaucoup plus appris que pendant des décennies de vie maritale (moins j’en savais, plus monsieur détenait son pouvoir).
La société française est une société patriarcale, misogyne, où les hommes ne veulent pas que les femmes deviennent leurs egales, de peur de perdre leur sacro saint pouvoir.
Je vous remercie infiniment d’avoir eu la patience de me lire, ainsi que d’être toutes ce que vous êtes et heureusement que vous existez, pour toute cette jeunesse féminine.
Claudette