12 romans sur des femmes par des femmes à lire cet été
Vous avez enfin fini le Deuxième sexe ? Vous avez prêté vos Andrea Dworkin à votre sœur qui ne vous les a pas encore rendu ? Ça fait déjà 6 fois que vous relisez le dernier numéro du journal d’Osez le féminisme ! et il tombe en miette ? Cet été, nous vous proposons une sélection de 12 romans, écrits par des femmes et racontant des destins de femmes. Alors que vous soyez à la plage dès l’aube, dans les montagnes à vous rouler dans l’herbe toute la journée ou dans le parc au pied de votre bureau à l’heure du déjeuner, variez les plaisirs et faites votre choix ! (puis racontez-nous 😉 )
1. Le meilleur reste à venir, Sefi Atta
« Chez nous, les femmes sont encensées lorsqu’elles renoncent à leur droit de protester. ». Or, Enitan, la narratrice, et son amie Sheri, dont on suit l’amitié et le parcours sur plusieurs décennies, ne renoncent pas à protester. Ces deux femmes que tout sépare partagent un même objectif, un même combat : échapper à l’enfermement d’une société oppressive, patriarcale et machiste. Elles ne choisissent pas le même chemin pour y parvenir, se séparent puis se retrouvent mais toutes les deux paieront chèrement cette soif d’émancipation. Leur profonde amitié, leur sororité, leur permet de se relever et de continuer de vivre malgré les difficultés… car le meilleur reste à venir.
2. Les débutantes, J. Courtney Sullivan
Quatre jeunes femmes entrent à l’université féminine et féministe Smith. Elles ne se connaissent pas encore mais créeront une magnifique amitié à une époque de leur vie où elles deviennent indépendantes de leurs parents, tombent amoureuses (pas toujours des bonnes personnes) et se politisent. Des années après, perdues de vue, elles se retrouvent à l’occasion de la disparition de l’une d’entre elles. Pourquoi il est à conseiller ? Parce qu’on peut tellement se reconnaître en chacune de ces femmes qui construisent, de façon dite ou non, leur féminisme et découvrent la sororité.
3. La maison de l’arbre joueur, Lian Hearn
Au cœur du Japon du XIXème siècle, alors que le pays résiste aux volontés colonisatrices des occidentaux, Tsuru se bat contre la société à sa manière. Fille de médecin, elle l’assiste brillamment depuis qu’elle est en âge de le faire et souhaite devenir médecin à son tour. Un enjeu de taille et une mission impossible pour une femme à cette époque-là. Peu importe, déguisée en homme, elle s’inscrit aux cours afin d’avoir son diplôme et de pouvoir exercer à son tour… sous le masque ou à visage découvert. Définitivement une héroïne comme on voudrait en voir plus souvent dans les romans !
4. Les cosmonautes ne font que passer, Elitza Gueorguieva
Une fille de 7 ans, en Bulgarie, juste avant la chute du mur de Berlin. Son univers ? Sa meilleure ennemie-meilleure amie, un cousin libre de ses mouvements, son grand-père un véritable communiste, ses professeurs qui ne font aucun pas de côté, et… Youri Gagarine, son modèle absolu grâce auquel elle rêve de devenir cosmonaute. Oui mais, une fille peut-elle être cosmonaute ? Si le régime soviétique a bien créé quelques modèles de femmes cosmonautes (Valentina Tereshkova, Svetlana Savitskaya…), la nouvelle société à venir après la chute de l’URSS lui permettra-t-elle d’atteindre son rêve ? Le récit touchant d’une petite fille en réflexion face à sa possibilité de réaliser ses rêves et choisir son avenir professionnel dans un changement de régime politique et un patriarcat dont elle ne connaît pas (encore ?) le nom.
5. Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie
Americanah raconte le parcours d’Ifemelu, jeune femme nigériane émigrée à Philadelphie aux Etats-Unis pour ses études. A son arrivée, elle « découvre » qu’elle est noire : la société américaine la renvoie à sa couleur de peau. Elle restera 15 ans dans ce pays encore largement marqué par le racisme et le raconte dans un blog, à travers ses rencontres, ses expériences amoureuses, l’élection de Barack Obama… Inspiré de l’histoire personnelle de son autrice, Americanah enchaîne récits au passé et au présent, dérision, pessimisme, colère… Et au passage, permet de s’interroger sur soi-même et ses propres représentations.
6. Certaines n’avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka
On le sait peu mais des milliers de femmes japonaises ont été déportées au début du XXème siècle aux Etats-Unis, afin de “peupler” les campagnes agricoles de la côte Ouest. Vendues par leurs familles, mariées de force, violées, engrossées, obligées de tenir leur nouveau foyer et d’assurer les travaux travaux agricoles, aucune violence ne leur a été épargnée. Ce court roman raconte leurs vies, pour qu’on ne les oublie pas, jamais. Une lecture absolument essentielle avec une traduction à couper le souffle, qui ne devrait pas vous laisser indemne.
7. L’amie prodigieuse, Elena Ferrante
Best-seller en tête de gondole dans toutes les librairies depuis des mois, cette saga vous dit peut-être quelque chose. L’histoire ? Deux filles grandissent dans les quartiers populaires de Naples dans les années 50 et se battent lors de leur adolescence puis en tant que femmes pour choisir la vie qui leur corresponde. Pourquoi il faut le lire ? Parce qu’on a rarement vu une amitié entre femmes aussi bien racontée ainsi que les embûches patriarcales (certes, pas toujours formulées) qui sèment leurs vies et leur relation.
8. Bienvenue, Kim Yi-seol
Misère, échec scolaire, violences familiales, dettes, harcèlement, prostitution, épuisement psychologique, violences médicales… toutes les violences sont là. Bienvenue en patriarcat. Yunyeong aura tout vu, tout vécu et on plonge dans l’horreur en même temps qu’elle à lire ce récit qui montre de manière subtile mais néanmoins efficace comment une violence en entraîne une autre et que les choix sont de plus en plus limités et imposés quand les hommes sont dans les parages. On se demande à chaque page à quel moment cette vie est possible à vivre mais la femme incroyable dépeinte n’a pas dit son dernier mot et continue à se battre avec ses moyens.
9. Toute une histoire, Hanan El-Cheikh
Analphabète, fille d’une femme répudiée vivant dans le dénuement, Kamleh est fiancée à 11 ans, à son insu, au mari de sa sœur décédée prématurément. Mariée de force à 14 ans, mère à 15 ans, elle s’obstine à refuser ce rôle d’épouse et de mère que d’autres lui ont imposé. Même si elle ne peut lutter seule contre sa famille et la société, elle utilise ce qu’elle peut pour exprimer sa liberté : elle chante, plaisante, va au cinéma, a un amant. Cette joie de vivre et cette liberté se paient au prix fort mais au moins, elle aura en partie choisi sa vie.
10. La Couleur Pourpre, Alice Walker
Deux sœurs noires dans l’Amérique des années 30 : l’une part pour une longue mission en Afrique, tandis que l’autre reste dans leur Géorgie natale. Très proches, elles ne cesseront de s’écrire des lettres, se racontant leurs vies respectives sur plus de 30 ans.
Alice Walker décrit avec un angle de vue clairement féministe la condition peu enviable des femmes noires dans le sud des Etats-Unis d’avant-guerre. Pauvreté, racisme, violences sexuelles sont montrées dans toute leur brutalité. Il faut avoir le cœur bien accroché. Par ailleurs, les personnages féminins touchants de complexité et la beauté des liens sorores (voire romantiques) qui les unissent, font de La couleur pourpre une œuvre tendre et humaine qui laisse son empreinte dans nos esprits longtemps après avoir tourné la dernière page.
11. Marx et la poupée, Maryam Madjidi
Entre le sucre et le Royaume de l’exil, entre héritage et exclusion, les mots sont beaux autant qu’ils sont armes. A travers son cheminement de langage Maryam Madjiji exprime toutes les douleurs du déracinement, tous ses paradoxes également. Elle questionne son propre voyage, ses stratégies de survivante et de femme émancipée ; du mutisme à la mise en scène de son orientalisme. Elle n’est pas un arbre, elle n’a pas de racine, mais nous emmène avec beaucoup d’humour et de tendresse en Iran, en histoire, et en poésie.
12. Dans la forêt, Jean Hegland
Dans un monde vide, les femmes, la nature, la sororité au sens le plus profond du mot suffiront-elles à reconstruire une vie à vivre ? Ce roman va vous attraper, vous entraîner dans l’effondrement, vous confronter à l’inconnu et vous interpeller sur ce qu’il y a à construire. Ou ce qu’il reste à détruire. Ce qu’être sœurs, c’est peut-être de s’arrimer l’une à l’autre en attendant le courage de l’utopie.
Bonne lecture !
Alice, Chloé, Eléonore, Pauline et Raphaëlle.