Les violences intra-familiales : tout sauf un fait divers

174 en 2010, 146 en 2011, 148 en 2012, 146 en 2013 : c’est le nombre de femmes tuées par leur mari, compagnon ou ex. Souvent, les enfants du couple sont aussi les victimes de cette violence patriarcale meurtrière. Tandis que les rares femmes qui tuent leur époux le font dans la plupart des cas en légitime défense. Chaque semaine en moyenne, un homme assassine sa propre mère.

Loin d’être des « faits divers », c’est un problème global. À l’échelle mondiale, la violence dans la famille est la première cause de mortalité des femmes âgées de 16 à 44 ans.

Les deux motifs principalement évoqués dans le meurtre d’une épouse ou d’une compagne sont l’adultère réel ou supposé, ou une rupture initiée par la femme. Ce que la presse traduit parfois par « drame de la jalousie » est en fait un droit patriarcal d’exclusivité des hommes sur le corps de « leur femme ». Dans 70% des cas, la femme tuée essayait de rompre ou avait déjà rompu. Le message est clair : les hommes qui en viennent à l’assassinat voyaient leur épouse comme leur propriété avec un droit exclusif sur leur corps.

Loin du « coup de folie » dont aime parler la presse, à grand renfort de « c’était un couple sans histoire », le féminicide survient toujours dans la continuité d’autres violences machistes. Le mari ou père agresseur va commencer par établir une emprise psychologique sur sa ou ses victimes : brimades, dénigrements, humiliations diverses, contrôle des déplacements. La victime est isolée de son entourage, sa confiance en elle s’affaiblit, son agresseur lui « retourne le cerveau ». Elle doute de son propre ressenti, se sent coupable. Elle endure coups, menaces et viols au quotidien. Ces violences aboutissent parfois au féminicide, ultime prise de pouvoir sur le corps et l’esprit. Dans d’autres cas, ces tortures physiques, sexuelles et psychologiques peuvent amener à un décès prématuré ou au suicide.

Les féminicides ne sont pas des cas exceptionnels ni des « accidents ». Ils sont tolérés voire excusés par les médias. La Justice est clémente. La culture populaire en a fait une expression de la passion amoureuse. Les féminicides sont la conséquence directe du statut des femmes dans la société, à savoir celui d’objet sexuel à la disposition des hommes.

Il s’agit de reconnaître le féminicide intrafamilial pour ce qu’il est : ni un fait divers, ni un « drame de la passion », mais l’expression la plus brutale du système patriarcal.

Gaëtan


Idée reçue : l’amour fou tue 

Mi amor… mise à mort… Ainsi un trop plein d’amour sera susceptible d’engendrer la mort… De nombreuses violences conjugales seraient la conséquence d’un trop plein d’amour.

Cela semble vraiment invraisemblable me diriez-vous ? Aucune personne n’oserait rapprocher le fait d’aimer une femme qui, à priori est synonyme de bonheur, de bienveillance, et le fait de la tuer ! Sauf que l’on constate qu’un grand nombre de féminicide sont excusés par la passion de l’amour.

Non rassurez-vous, l’amour n’est pas la cause de ces féminicides : on n’aime pas quand on tape sa femme, on n’aime pas quand on humilie sa femme, on n’aime pas quand on la tue. Ces féminicides n’ont pour unique cause que la haine des femmes, cette haine machiste, qui elle, chez certains hommes est malheureusement bien passionnelle.

Gaëtan

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