Le monde machiste des études en médecine

« C’est de l’humour », « Nous faisons 10 ans d’études et travaillons 12 heures par jour, alors nous avons bien le droit à quelques moments de décompression. », « L’esprit carabin , c’est une tradition ». Voici le genre de réflexions que nous avons vu fleurir sur Facebook pendant la polémique de la fresque de Clermont-Ferrand.

Plus généralement, de nombreuses controverses ont eu lieu à l’occasion de soirées étudiantes, que ce soit du fait des violences sexuelles qui s’y produisent régulièrement ou de leur communication. On se souvient par exemple de la soirée « Marteau-biteur et ravalement de faciale » à Grenoble en 2013 ou plus récemment « La reine des Verges » à Bordeaux. Sur les visuels, les femmes sont presque systématiquement représentées comme des objets sexuels, disponibles pour les désirs des hommes et sans envie propre. Cette objectivation participe à la déshumanisation des femmes. Elle entretient les mythes sur le viol (négation, culpabilisation des victimes…) et favorise la propension aux agressions sexuelles ainsi que la tolérance au harcèlement sexuel.

Comment se fait-il que l’on rencontre un tel niveau de machisme dans les facultés de médecine ?

On nous rétorque que c’est du second degré, de l’anticonformisme et du politiquement incorrect. Pourtant, il n’y a absolument rien de subversif à réutiliser constamment les mêmes clichés éculés sur la sexualité soi-disant passive des femmes et la toute puissance des hommes ; c’est au contraire une posture très conservatrice.

Il est inquiétant que ces propos soient tenus par des étudiant-e-s en médecine qui seront amené-e-s à recueillir la parole de femmes, à les soigner, les accompa- gner. Cela ne va-t-il pas à l’encontre de leur déontologie ?

Mais force est de constater que les internes ou autres étudiant-e-s en médecine se sentent intouchables du fait du prestige de leur filière. Ils-Elles sont censé-e-s représenter le meilleur de la société française et leur fonctionnement s’apparente à celui d’une caste, avec ses codes, ses rituels et la domination qu’elle exerce.

Il suffit de voir leur réaction lorsque des associations féministes les reprennent à l’ordre pour constater l’ampleur du problème : harcèlement et montage photo vulgaire à Clermont-Ferrand, appel au viol à Grenoble, moqueries et humiliations personnelles sur les réseaux sociaux. Ces propos, qui seraient considérés comme barbares s’ils étaient tenus par des jeunes hommes de quartiers populaires, sont jugés acceptables quand ils viennent d’une présumée élite.

Alors que les coupes budgétaires font rage dans les universités, il serait temps pour elles de couper les subventions aux associations étudiantes responsables de sexisme – en médecine comme dans les autres filières.

Justine


Pour aller plus loin

«Comment le sexisme s’est solidement ancré dans la médecine française», Slate, Aude Lorriaux, février 2015

De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves », Emma- nuelle Zolesio

Rapport d’activité CNG (Centre National de Gestion des praticiens hospitaliers et des personnels de direction de la fonction publique hospitalière) 2012

Etudes et Résultats DREES : Les affectations des étudiants en médecine à l’issue des épreuves classantes nationales en 2013 (ER894)

Sites Syndicats médecins hospitaliers (SNAM-HP, INPH, SPHP, SIHP)

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