La culture du viol

Penser la dimension sexuelle du patriarcat : la culture du viol

Le patriarcat est un système dont la cohérence structure notre société. Les normes qui régulent nos relations interpersonnelles sont transmises par l’éducation, les lois, le cinéma, etc. et perpétuent cette cohérence, hiérarchisant masculin et féminin. Une dimension essentielle de cette domination masculine passe par le contrôle de la sexualité, via un discours fait par des hommes pour les hommes, banalisant les violences sexuelles et discréditant les femmes qui en sont victimes.

En 1974, Noreen Connell et Cassandra Wilson forgent l’expression culture du viol pour qualifier cela dans leur livre Rape : The First Sourcebook for Women. La culture du viol valorise la virilité vue comme domination sexuelle des femmes. Les comptines Au clair de la Lune et A la pêche aux moules promeuvent viol et prostitution, le peintre Fragonard représente Le Viol, les chansons paillardes et les injures habituent au sexisme, pornographie et publicités sexistes produisent des normes explicites. Nous baignons dans des discours qui hiérarchisent les sexes à propos de sexualité. Comment un environnement aussi inégalitaire et sexué pourrait-il ne pas produire des violences sexuelles ?

Le deuxième acte de la culture du viol consiste en la négation de ces violences et la mise en scène de la parole des victimes. Les mythes selon lesquels les femmes aimeraient ça en toutes circonstances et, donc, que l’absence d’un refus vaudrait consentement (voire qu’un non pourrait être un oui déguisé), dénient les violences. De plus, la multiplication des injonctions sécuritaires faites aux femmes les rendent finalement responsables de leur propre viol. La cause d’une agression sexuelle est toujours cherchée dans le comportement des femmes, dans leur manière de s’habiller, rendant invisible l’unique coupable : l’agresseur. Une femme victime d’un viol qui ne correspond pas au cliché de l’inconnu dans la rue sombre n’est pas crue : elle est insidieusement invitée par son silence à ne pas se rendre responsable de la déstabilisation de personnes qu’on voudrait croire incapables d’un tel acte. Il y a donc un déni du viol par une inversion de la responsabilité et par le discrédit de la parole des femmes.

Au bout du compte, c’est la justice qui peine à condamner les violeurs. Sur environ 80000 viols commis sur des femmes majeures par an en France, 90% ne font même pas l’objet d’une plainte. Plus de 80% des victimes des 200000 agressions sexuelles annuelles ne sont pas reconnues. La réalité des violences faites aux femmes démontre bien que la culture du viol organise ainsi la banalisation des violences et l’impunité des violeurs : la honte doit changer de camp.

JMC


Bibliographie / sitographie pour aller plus loin :

Article sur le site de l’Insee

Le site du gouvernement

Article sur le site Stop au déni


Le porno, quel est le problème ?

Que feriez-vous si vous vouliez banaliser la violence sexuelle envers les femmes et les filles, la rendre excitante et jouissive ? L’industrie multimilliardaire du porno érotise la subordination des femmes aux hommes. Les femmes y sont violées, déshumanisées et considérées comme des objets sexuels dotées d’une seule volonté : vouloir ce que veulent les hommes. Très pratique ! Loin de représenter une sexualité désirée et épanouissante pour les femmes, le porno nous désensibilise à la violence, la torture, la dégradation et la haine des femmes. Il nous fait croire en prime que les femmes de ces films – donc toutes les femmes – aiment être maltraitées et en tirent du plaisir. Vraiment ? Cette industrie utilise fièrement le sexisme, le racisme, la misopédie, les violences sexuelles comme des arguments marketing et réussit mieux que personne à déshumaniser une population ciblée : les femmes et les filles. De la propagande en somme.


 

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