Gundrun Schyman, féministe suédoise

Ex-députée et ancienne présidente du parti de gauche suédois, Gudrun Schyman a fondé avec d’autres féministes, en 2005 le parti Feministiskt Initiativ (« initiative féministe »). FI progresse régulièrement dans les urnes, et a atteint 4,75% des voix aux dernières élections européennes, envoyant une députée à Bruxelles. Aux législatives de septembre, le parti obtient près de 200 000 voix. Malgré la déception de ne pas entrer au parlement, FI gagne indubitablement du terrain : le parti est présent dans 13 municipalités suédoises.

Comment expliquez-vous le succès de FI et l’avancée féministe en Suède ?

FI existe depuis près de 10 ans ; nous avons fourni un travail de longue haleine, en étant présent-e-s sur tous les fronts. Avec la dénonciation croissante des violences faites aux femmes, des discriminations et de l’oppression, de plus en plus de gens ont franchi le pas du militantisme pour aller vers un engagement politique au sein de FI, qui a près de 20 000 adhérent-e-s aujourd’hui. Nous ne voulons plus nous contenter du seul lobbying, mais avancer sur le terrain du pouvoir ; les problèmes structurels nécessitent des solutions struc- turelles. La politique de FI se veut aussi inclusive : nous nous battons également pour les droits des personnes LGBT, racisées et de toutes les confessions.

Que répondriez-vous à celles et ceux qui voient la Suède comme une utopie de l’égalité ?
Qu’ils ont gobé le « mythe suédois » ! En Suède, il y a aussi des discriminations et du racisme. Mais comme nous avons entamé ce débat il y a longtemps déjà, il y a une vraie reconnaissance et une volonté forte en la matière : c’est pour cela que les autres pays nous voient comme un modèle. Aussi avancée que soit la Suède, nous n’avons pas atteint l’égalité femme/ homme.

Comment comprenez-vous que la plupart des gens se disent pour l’égalité, mais surtout pas féministes ?
C’est dû à un réel manque de connaissances. Ceux qui ne sont pas informés, ou ne veulent pas s’informer sur la situation, font appel aux idées reçues… Pourtant, le féminisme est l’analyse, l’outil. L’objectif, c’est l’égalité.

Y a-t-il des domaines où l’égalité a avancé en Suède ces dix dernières années ?

Dans le domaine politique, elle a un peu progressé en Suède. À part ça, je ne vois aucun changement.

Et en Europe ?

Non, je ressens plutôt le contraire. Avec les avancées des nationalistes et des conservateurs, nous avons vu par exemple le droit à l’avortement menacé. Si, je vois une seule avancée : que des lois d’abolition de la prostitution, avec pénalisation du client, soient évoquées et discutées dans plusieurs pays d’Europe.

Propos recueillis par Karin

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