Le harcèlement scolaire

Martine Savary est infirmière scolaire au lycée Galilée de Cergy et membre de l’AFPSSU (Association Française de Promotion de la Santé Scolaire et Universitaire).

En tant qu’infirmière scolaire, quels constats faites-vous sur les violences scolaires entre garçons et filles ?

Les violences scolaires dont sont victimes les filles concernent essentiellement leurs réputations. Les adolescentes entendent des insultes quotidiennes sur leurs apparences physiques, sur les relations entretenues avec les garçons, sur leurs comportements. Elles se situent dans une double difficulté : à la fois vivre les transformations de leurs corps et les insultes sexistes, abjectes et humiliantes des garçons, qui sont influencés par les contenus pornographiques et la société de l’image qui représente des femmes-objets.

Quelles sont les attitudes des parents face au harcèlement scolaire ?

Les parents sont démunis puisque souvent ces adolescentes les protègent. Néanmoins certains signes peuvent alerter. Si le dialogue est maintenu entre les familles et les adolescentes, les parents peuvent nommer et questionner : « est-ce que tu es harcelée ? », « comment se passe les relations avec tes camarades ? », « te sens tu déprimée ? ». L’important consiste à nommer ces violences, et à accorder de la valeur à leur parole, pour que les adolescentes se libèrent.

Par votre pratique professionnelle et bénévole dans l’association AFPSSU, décrivez-moi les répercussions du harcèlement scolaire sur les filles.

Les conséquences se caractérisent par leurs pluralités : scarifications, solitude, dépression, phobies scolaires et conduites addictives. Les répercussions de cette violence concernent l’estime et l’image que l’adolescente possède d’elle-même, en se recroquevillant dans la solitude, le silence, la honte et la culpabilité.

Quels leviers sont indispensables à mettre en place pour lutter et prévenir les violences scolaires ?

Il est crucial d’établir des moyens de prévention dans tous les niveaux scolaires. Ces leviers se rapprochent des actions de sensibilisation sur les abus sexuels. Dès l’école primaire, des films animés, des bandes dessinées, des chansons qui transmettent des valeurs de respect et de tolérance entre garçons et filles sont des outils efficaces. Au collège, il s’agit de maintenir les équipes pluridisciplinaires à l’écoute des élèves. Que ces profession- nel-le-s soient formé-e-s et disponibles pour écouter et croire les adolescentes harcelées, pour créer des espaces de parole. Par ailleurs, dès la rentrée, nommer l’existence du harcèlement parait majeur. Par la verbalisation de ces violences, les paroles des victimes harcelées se libèrent. Au lycée, la prévention apparait détermi- nante sur les dangers des réseaux sociaux ainsi que contre toutes les discriminations.

Marion

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