La précarité menstruelle

La moitié de la population mondiale est concernée par les règles une grande partie de sa vie. Pourtant, à l’heure actuelle, les Françaises investissent des sommes pharamineuses pour pouvoir se procurer des protections périodiques. Les règles, c’est avant tout un phénomène biologique normal. Alors, comment se fait-il que les femmes doivent payer entre 2 000 et 22 000 euros en moyenne dans leur vie pour pouvoir se protéger ?

Jusque 2015, les protections périodiques étaient considérées par l’État Français comme des « produits de luxe ». Grâce à des collectifs féministes comme Georgette Sand, la TVA avait été ramenée à 5,5 %, les protections enfin considérées comme « produits de première nécessité ».

Progressivement, les inégalités face aux règles commencent à faire parler. De toute évidence, les SDF et les étudiantes au budget serré sont les premières touchées. Ainsi, de nombreuses femmes sur les réseaux sociaux ont décidé de témoigner. Konbini a donc interviewé Axelle De Souza, SDF en situation de précarité menstruelle depuis plus de 2 ans. Tous les mois, le dilemme se présente à elle : acheter des protections ou bien manger ?Remplacer des serviettes périodiques par du papier toilette, du journal, ou bien des chaussettes, est une « solution » pour nombre de femmes précaires. Pour Axelle, l’origine de ces prix scandaleux est évidente : « C’est une injustice sociale. La société a été prévue pour les hommes. ».

Internet est alors le lieu parfait pour parler et dénoncer. Sur Instagram, les illustratrices féministes se démarquent. Des femmes comme Alice Kenner et France Corbel pointent cette injustice du doigt, sans même parler. Sur ce même réseau, des comptes se dédient aux menstruations : Cyclique, 28 jours, Coup de Sang… Cet engouement sur les réseaux fait bouger les choses, et le collectif Ça Va Saigner décide de créer, le 15 juin 2019, une journée où l’on sort tâché de sang menstruel, ou de faux sang. La solidarité est ici essentielle : les hommes sont eux-mêmes invités à se tâcher de faux sang. L’important, c’est de montrer son engagement pour faire bouger les choses. De grandes influenceuses posent avec leur sang symbolique, comme Irène Rose, féministe activiste qui se qualifie d’ « extrémiste dévergondée ». Shera, youtubeuse et instagrammeuse suivie par 1,1 million d’abonnés, a elle aussi montré son soutien. Les réseaux sont la première source de prise de conscience globale autour de la précarité menstruelle. Sans surprise, les remarques déplacées qualifiant les femmes activistes d’extrémistes sont fréquentes. Or, tenter de se faire entendre lorsqu’on est ignorée durant des années n’a rien d’extrémiste, c’est une évidence, un besoin.

Parallèlement, des collectes sont organisées par des associations. Par exemple, l’ADSF, « Agir pour le Développement de la Santé des Femmes », a installé des boîtes à dons un peu partout sur Paris et maraude pour distribuer des protections aux SDF. Cette initiative, parmi tant d’autres, fut médiatisée par France TV. De nouvelles associations sont même uniquement dédiées à la précarité menstruelle comme « Règles Élémentaires », qui organise des collectes de protections périodiques pour les sans-abris et mal-logées. L’un des slogans de l’association est percutant : « Avec ou sans toit, les mêmes règles pour toutes ». L’objectif de ce mouvement est avant tout d’aider les femmes dans le besoin, mais aussi de sensibiliser toute la population, qu’elle soit ou non directement concernée par les règles. Si les protections périodiques sont maintenant considérées comme des « produits de première nécessité », alors leur accessibilité devrait en découler.

Même les grandes enseignes s’y mettent: Vania s’est associée au Secours Populaire et publie des témoignages sur les réseaux, Always a lancé sa campagne « Non à la précarité menstruelle » en s’associant aux Dons Solidaires.

Ainsi, la gratuité des protections périodiques, comme l’a instaurée l’Écosse, sera la finalité du combat.En France, seule la LMDE, La Mutuelle des Étudiants, rembourse les protections périodiques à ses adhérents. Visiblement, le progrès politique est bien trop lent. Les femmes se battront comme elles le font depuis des siècles pour obtenir une situation économique et sanitaire décente, à l’image de celle des hommes.

Léna

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