La parité avance, mais à la rame

2014 et 2015 s’annoncent riches en élections : municipales en mars, européennes en mai et régionales en 2015. Ces scrutins seront l’occasion de nouvelles avancées en faveur de la parité, qui est inscrite depuis 2000 dans la loi française. Mais de la théorie à la pratique, il y a encore une distance.

Le 17 mars 2013, une loi réformant l’organisation des scrutins était votée. Elle prévoit d’accélérer la marche vers une parité réelle aux municipales. En effet, dans toutes les communes de plus de 1000 habitants, lespartisontdésormais l’obligation de présenter des listes paritaires. Auparavant, cette règle ne concernait que les communes de plus de 3500 habitants.

L’abaissement du seuil de 3 500 à 1 000 habitants impose la parité à 6500 communes de plus. Pour Bernard Maligner, spécialiste du droit électoral, «plus de 17000 femmes deviendront conseillères municipales pour aboutir à un chiffre de 85 000 femmes dans les conseils municipaux » grâce à cette réforme. Soit une petite moitié des sièges. Les communes de moins de 1000 habitants restent « épargnées », le gouvernement ayant manifestement peur de froisser des terres rurales et traditionnelles.

Paris paritaire… sur le papier

Si les listes sont paritaires, les têtes de listes le sont-elles ? Elles ont été jusqu’ici surtout masculines, d’où le faible pourcentage de femmes maires en France (14%).

Pour 2014, Paris donne le bon exemple. Sur 20 arrondissements, l’UMP met en avant 11 têtes de listes femmes, le PS 10. Sont-elles envoyées dans des arrondissements ingagnables ? Le résultat du scrutin nous le dira. Quant au Parti de Gauche, il s’est mis à l’abri des critiques en les plaçant dans des arrondissements où la gauche est forte.

La loi de mars 2013 réforme aussi les élections cantonales et régionales. Les électrices et électeurs éliront en 2015 non plus un-e candidat-e mais « deux membres de sexe différent », dit le texte. Et pour que la parité ne soit pas détournée, chaque candidat-e doit avoir un-e remplaçant-e de même sexe. Une fois l’élection gagnée, les deux candidat-e-s exercent leur mandat de manière individuelle.

Pour Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des droits des femmes, c’est un changement « historique » car il permettra de passer «de 13% de femmes dans les conseils généraux à 50 % » après les élections de 2015.

Mandats nationaux toujours aux mains des hommes

Pour les mandats locaux, les scrutins de 2014 et 2015 constitueront des progrès. Mais pour les mandats nationaux, la parité est encore une chimère. Les élections sénatoriales, qui sont indirectes, ne sont pas concernées. Et l’Assemblée Nationale reste masculine à 75%.

Les partis ne respectant pas la parité aux législatives encourent une baisse de leur dotation publique. Mais François Fillon en 2010 ne le cachait pas : « On préfère payer quand c’est encore possible de le supporter ».

La parité avance donc, mais 14 ans après sa première introduction dans la législation française, il reste des pas de géants à effectuer.

Noémi


Strasbourg : une ville en faveur de l’égalité

Mine Günbay, nommée en 2008 conseillère municipale déléguée aux droits des femmes et à l’égalité de genre à la Ville de Strasbourg, a réuni à ses côtés un collectif d’associations féministes, avec un objectif : « irriguer la ville d’une culture de l’égalité ». Strasbourg a notamment signé en 2010 la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale. Concrètement, c’est œuvrer pour la parité aux postes à responsabilité, féminiser les noms de rues, former les élu-e-s et employé- e-s, informer les habitant-e-s… un bel exemple, dont les candidat-e-s aux municipales feraient bien de s’inspirer !

Helene

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