Intouchables : la condition des femmes Dalits

Laure Paillassou, étudiante à Sciences Po Toulouse, est en stage en Inde dans l’association Sambhali Trust. Elle souhaite alerter la communauté internationale sur la situation des femmes Dalits – parfois surnommées « Intouchables » – dans un pays où les violences commises contre les femmes – féminicides , viols et mariages forcés notamment – sont particulièrement répandues.

La condition dramatique des femmes en Inde a fait les gros titres des journaux du monde entier en 2013. La situation a-t-elle changé depuis ?

La loi “anti-viol”, votée à la suite des événements de 2013, sanctionne le viol mais ne fait rien contre le viol conjugal et les viols commis par les forces armées. Les services de santé et de police prennent rarement les déclarations de viol des femmes au sérieux, alors même que le gouvernement indien estime toujours le nombre de viols à un toutes les vingt minutes. Mais l’horreur va bien au-delà : toutes les heures une femme est tuée ou contrainte à se brûler vive à cause de problèmes de dot non payée.

En quoi la situation des femmes appartenant à la caste Dalit est-elle spécifique?

Les Dalits sont socialement et physiquement exclu-e-s et isolé-e-s du reste de la société indienne. Leur statut social n’atteint même pas celui d’être humain. Dès lors, les droits de l’Homme ne s’appliquent pas à eux. Les femmes Dalits sont nées à la fois femmes et Intouchables, sans aucune possibilité de changer de caste. N’ayant ni le temps ni les moyens d’aller à l’école, elles sont trop souvent mariées à 14 ans et victimes de violences conjugales pouvant aller jusqu’au meurtre.

Comment l’association Sambhali Trust cherche-t- elle à aider ces femmes?

Créée en 2006, l’association propose aux femmes et aux jeunes filles Dalits de la région du Rajasthan de prendre gratuitement des cours d’anglais, d’hindi, de couture et de self-défense. Le but est de les guider vers l’indépendance financière face à leur mari et de leur donner confiance en elles. L’association se rend également dans les écoles pour évoquer le problème des abus sexuels, sujet tabou en Inde. Enfin, elle met à la disposition des femmes battues un refuge et une aide financière.

Plus globalement, quelles actions seraient nécessaires pour amé- liorer la situation des Indiennes?

Bien que des lois de protection des femmes existent, comme celle qui n’autorise le mariage qu’à partir de 18 ans ou celle de 2006 qui réprime les violences domestiques, elles restent très peu appliquées. Notre meilleure arme dans le combat pour améliorer le statut des femmes en Inde sont les femmes indiennes elles-mêmes. C’est grâce à leur soulèvement contre le système établi et à la divulgation de leurs témoignages à l’échelle internationale que nous gagnerons le combat contre l’image de la « femme objet » en Inde.

Propos recueillis par Anaïs

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