Internet, un espace à risque pour les femmes

Sur Internet, espace dématérialisé, on pourrait croire que les femmes auraient davantage investi ce nouvel éden. Pourtant elles ont du mal à se défaire d’une éducation qui ne les incite que peu à monter à la tribune. Internet est un outil relativement récent mais déjà investi par les hommes : 10% des entrepreneur-ses du web seulement sont des femmes. Accélérateur de mobilisation, le web s’avère aussi un prolongement du machisme de la vie réelle, et de plus ce machisme prend une ampleur nouvelle.

Ce qui était autrefois cantonné à un établissement scolaire ou autre communauté restreinte est à présent mis à disposition de tous, avec une abolition des distances physiques. Le harcèlement sexuel ou les intimidations contre des femmes prennent une nouvelle ampleur. Ainsi, en juillet 2013, la journaliste Caroline Criado-Perez a obtenu grâce à une pétition que Jane Austen apparaisse sur les billets de banque britanniques. Elle a payé ce succès au prix d’appels au viol et d’un déferlement de menaces sur Twitter.

On voit une amplification de plusieurs phénomènes inhérents au machisme, notamment la solidarité masculine aux dépens des femmes, surtout si elles quittent le rôle qui leur est attribué. Comme dans la vie réelle, l’humiliation des femmes porte souvent sur leur apparence physique et une sexualité réelle ou qu’on leur attribue. Des excès que dénonce l’artiste Lindsay Bottos. Son projet « Anonymous » montre la violence dont font preuve les internautes protégés par l’anonymat et cachés derrière leurs écrans. « Les gens croient qu’il leur est permis de partager leur opinion sur mon apparence, une chose à laquelle les filles sur Internet doivent faire face quotidienne- ment», dit-elle.

Sur Internet, des jeunes filles et femmes sont victimes de la diffusion d’images ou de vidéos utilisées pour les humilier ou les menacer. Les femmes doivent déjà répondre à l’injonction sociale d’être toujours sexy, mince et souriante, s’observer en permanence ; à présent elles doivent aussi être attentives à contrôler leur image en ligne, et en particulier sur les réseaux sociaux. On peut craindre, en plus de la surenchère dans l’hypersexualisation des jeunes filles, une dépersonnalisation, un sentiment d’irréalité de son propre corps. Ce n’est plus seulement la personne qui est le sujet de sa vie, mais des milliers d’yeux d’inconnus qui verront et commenteront des « selfies ».

Pauline


Le revenge porn : des réponses judiciaires variées

Le revenge porn fait parler de lui depuis l’année dernière et vient d’Amérique. Pratique en grande majorité masculine, il consiste, suite à une déception amoureuse, à se venger en postant sur Internet des photos de son ex dénudé-e. Des informations personnelles légendent parfois la photo pour nuire à l’image, la réputation voire la carrière professionnelle des victimes. Pire, des sites spécialisés en font leur beurre, proposant de retirer les photos contre espèces sonnantes. Y a-t-il des réponses judiciaires ? Tout a commencé avec Charlotte Laws, une mère de victime qui s’est battue durant 2 ans pour obtenir de la Californie à l’automne 2013 une loi sanctionnant le revenge porn.

D’autres états ont suivi : New-Jersey, Maryland, Virginie. Cependant, ces lois ne punissent pas toujours le détournement des selfies (photos que la victime a prises d’elle-même). De plus, elles sanctionnent ceux qui postent les photos (souvent des anonymes) et non les hébergeurs et administrateurs des sites. En France, la législation très protectrice du droit à l’image, qui punit déjà la reproduction et la diffusion de photographies sans accord de la personne visée, ne semble pas mise en défaut pour le moment.

Noémi

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