Est-ce que l’ubérisation des transports/transports 2.0 permet d’améliorer la mobilité des femmes ?

Ce que l’on appelle désormais l’ubérisation est un fait économique visant la désintermédiation, par le déploiement de plateformes numériques Mais initialement l’ubérisation, c’est quoi ?

Comme son appellation l’indique, ce phénomène tire son nom de la société américaine Uber qui produit une application mobile dans le secteur du transport en VTC (voiture de transport avec chauffeur). Cette application met en contact une personne nécessitant d’être transportée avec un ou une chauffeur.se. Uber facilite le transport et concurrence le taxi. En effet, le paiement se fait directement via l’application par un virement bancaire. De plus, le ou la chauffeur.se est équipé.e d’un GPS guidant l’usager.ère vers sa destination sans détour et sans même qu’elle ait à donner l’adresse oralement.

Depuis son implantation en France en 2011, Uber change les conditions de mobilité et cela a des conséquences sociales sur la mobilité de manière générale (aussi bien pour le ou la client.e que pour le ou la conducteur.trice) mais aussi sur la mobilité des femmes.

Un VTC adapté à tous.tes ?

Qu’elles soient d’ordres professionnelles, domestiques, ludiques, les activités habituelles ou épisodiques occasionnent des déplacements de plus en plus longs et s’étalent sur des périmètres dépassants parfois les limites de l’agglomération. Aujourd’hui, l’âge moyen du client Uber est de trente-deux ans et les célibataires sans enfants sont surreprésentés. Ce dispositif écarte donc les femmes précaires ou les mères qui privilégient les transports en commun, essentiellement pour des raisons financières. D’ailleurs si on prend l’exemple des francilien.ne.s, les femmes utilisent plus souvent les transports en commun que les hommes : en 2011, selon l’Insee, 46.6 % de femmes contre 36.3 % d’hommes. Les conséquences sociales ne sont donc pas négligeables. Et pas seulement en termes de parité. En octobre 2017, Uber annonçait favoriser les déplacements des personnes à mobilités réduites. Or aujourd’hui, à Paris, seulement vingt-cinq véhicules en circulation sont capables de transporter des personnes en fauteuil. Donc si vous êtes une femme, et/ou vous êtes une mère, et/ou vous êtes en situation de handicap, Uber n’est pas adapté à vous et vous fait croire le contraire !

Uber oui, mais par qui ?

Mais attendez ! Ce n’est pas fini… Si Uber le sexiste a souvent fait l’objet d’accusations, pour les comportements misogynes de son fondateur Travis Kalanick, tout n’est pas rose aussi concernant la politique interne du groupe. Rappelons qu’Uber est mauvais en terme de parité : 36.1 % de conductrices pour 63.9 % de conducteurs. Ces mêmes conductrices qui en moyenne gagnent 7 % de moins que les hommes. Selon le webzine l’ADN, ceci est dû au fait que les hommes conduisent pendant des tranches horaires plus rentables et à des pics de trafics plus importants. En effet, de nuit, le transport Uber devient plus coûteux. Or pour une femme mère de jeunes enfants il estc’est compliqué de s’adapter : en France, 70 % des femmes emmènent et récupèrent leurs enfants tous les jours à l’école, contre 30 % des hommes. Il paraît donc difficile de conjuguer vie de famille et travail lorsque ce dernier s’effectue sur des tranches horaires dédiées à la vie familiale. Aussi, toujours selon l’ADN, les conducteurs conduiraient plus vite que les conductrices : 31.4 km/h pour les hommes contre 30 km/h pour les femmes, leur permettant d’effectuer plus de trajet sur un même laps de temps. Pour l’instant, l’ubérisation des transports et la mobilité des femmes ne font donc pas bon ménage !

Cependant, restons positif.tives !

Des start-ups soucieuses de faire bouger les choses et de faire évoluer les mentalités se lèvent ! L’Ubérisation à long terme ne sera peut-être pas l’ennemie du progrès social féminin. De jeunes entreprises voient le jour et mettent en place des dispositifs très intéressants. Des start-ups comme Kolett avec son appli VTC réservée uniquement aux femmes et n’embauchant que des femmes a fait son apparition en Septembre 2018. Depuis son lancement, cette application vise à rassurer autant les conductrices que les clientes face au sentiment d’insécurité. Et c’est avec cette double ambition que la start-up arrive en force sur le marché. Valérie Fucajg, 41 ans, la co-fondatrice expliquait à la presse « En tant que mère de famille, on peut se dire, ma fille rentre de soirée et je préfère qu’elle soit transportée par une femme. » Alors l’Ubérisation … Ennemie du progrès social féminin ou pas ? Finalement seul l’avenir nous le dira !

Aurore et Céline